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L’économie de la République du Congo essentiellement basée sur ses recettes pétrolières, subit une crise des plus difficiles depuis la chute du cours du pétrole en 2014. Entre 2013 et 2017, le cours mondial du pétrole a diminué en moyenne tous les ans de 15,5%1, soit une baisse de 49% sur toute la période Cela a entraîné une baisse du rythme de croissance de l’activité économique, à -10% en 2016. 

 

Figure 1: Cours du pétrole et taux de croissance du PIB (% annuel)

Source: CJEA, FMI, Banque Mondiale.

 

Avec l’existence d’une dette publique totale représentant 117,5% de son PIB en 2017, cette situation complexe a mené la République du Congo et le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) à un accord de prêt d’un montant de 448,6 millions de dollars, le 17 juillet 2019. Cet accord au titre d'une facilité élargie de crédit est un programme du FMI qui donne la priorité à des réformes structurelles et cible la gouvernance à des fins d'une meilleure diversification économique et une croissance inclusive. Il opère également pour un rééquilibrage budgétaire et un objectif de restructuration de la dette. Enfin, le programme vise un renforcement du capital humain au travers de la protection des populations vulnérables.

 

À l’issue du décaissement de la première tranche (44,9 millions de dollars), le communiqué de presse du FMI de janvier 2020 a posé le paysage économique congolais en relatant, une croissance globale révisée à la baisse à 2,2% en 2019, due à l’expansion moins forte que prévu de la production pétrolière. À partir de 2020, la production pétrolière poursuivrait ce déclin à mesure que les champs pétrolifères atteindront leur maturité2. Cependant, d’ici 20243, la croissance hors pétrole devrait augmenter en moyenne tous les ans de 14% mais cette tendance dépendra principalement des résultats de l’agriculture et du transport.

 

Figure 2: Croissance hors pétrole projetée (en %), 2021-2024

Source : CJEA, FMI.

 

La dette publique extérieure du pays a significativement augmenté depuis 2010. On note une accumulation importante d’arriérés commerciaux extérieurs, notamment envers les négociants4 du pétrole (18,1% du PIB). De surcroît, la dette publique intérieure a également augmenté passant de 15% du PIB en 2014 à 25,5% en septembre 2019. La Chine apporte l’essentiel du financement extérieur et la dette extérieure du Congo envers la Chine représentait en septembre 2019 : 2 213 millions de dollars, soit 20,4% du PIB de la République du Congo. Bien que les deux pays aient conclu un accord de restructuration de la dette congolaise (envers la Chine)5, la dette publique extérieure totale reste intenable. En effet, le ratio valeur actualisée de la dette publique extérieure rapportée au PIB se situe à 46% en 2021, soit au-dessus du seuil de viabilité de 30%.6

 

Les résultats à fin juin au terme des évaluations du programme par le FMI7 sont considérés comme mitigés. Les deux objectifs budgétaires quantitatifs ont été atteints. Il s’agit du plancher pour le solde primaire de base hors pétrole et du plafond pour le financement intérieur net de l’Etat. Les critères de réalisation fixant un plafond de zéro pour les financements non concessionnels, et les nouvelles dettes extérieures garanties par les recettes futures des ressources naturelles ont également été respectés. On note toutefois, une accumulation de nouveaux arriérés extérieurs d’environ 20 millions de dollars, par conséquent le non-respect du critère de réalisation continu des arriérés extérieurs. De plus, les trois objectifs indicatifs liés aux recettes non pétrolières, aux dépenses en faveur de la lutte contre la pauvreté, et aux décaissements de prêts extérieurs pour des projets d’investissement n’ont eux-aussi pas été atteints.

Finalement, le décaissement de la première tranche du programme de juillet 2019 fut le seul.

Aujourd’hui touchée par la pandémie de la Covid-19, la Caisse nationale de sécurité sociale a bénéficié d’un prêt du FMI de 200 milliards de FCFA pour assurer le règlement des pensions de retraites du secteur privé et parapublic. Rappelons que, les arriérés de paiement sur les retraites et les prestations sociales représentent 3,4% du PIB en 2019 (FMI).

 

Eu égard aux, arriérés de dettes, déficit structurel du budget, et évaluations du FMI concernant les dépenses sociales jugées insuffisantes et dans un contexte de pandémie mondiale, la République du Congo réussira-t-elle une gestion efficiente du dernier prêt du FMI au service de sa population ?

 

 

Publié par : Pôle Finance     -     Publié le : 6 mai 2021