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La dépense publique et l’inflation entretiennent théoriquement un lien fort. Etant donné le niveau des impôts et taxes, une politique budgétaire expansionniste (augmentation des dépenses publiques dans le but de stimuler la demande et de facto la croissance) peut avoir des effets pervers sur l’économie. Cette dernière va se retrouver largement au-dessus de son niveau potentiel (plein emploi), générant des tensions inflationnistes.

 

Le plan de relance de l’économie américaine estimé à 1 900 milliards de dollars US suscite des inquiétudes quant à un retour de l’inflation. Les économistes Larry Summers et Olivier Blanchard estiment trop ambitieuse cette politique de relance et préviennent sur une possible surchauffe de l’économie.

 

Du premier trimestre 2018 au quatrième trimestre 2019, l’activité économique aux États-Unis se trouvait légèrement au-delà de son potentiel (PIB observé supérieur au PIB potentiel) avant de connaître une chute drastique et profonde au deuxième trimestre 2020 (effet covid-19). Les projections du Congressional Budget Office (CBO) tablent sur un retour progressif de l’activité économique à son niveau potentiel jusqu’au quatrième trimestre 2023. Mais l’économie restera en dessous de son potentiel en absence de nouveau choc.

 

Le plan de relance du Président Joe Biden ferait obstruction aux projections du CBO et ferait rapidement passer l’activité économique au-dessus de son potentiel. Ce choc positif pourrait s’accompagner du retour d’une forte inflation. La Réserve fédérale américaine en réponse à cette situation, pourrait alors adopter une politique monétaire restrictive via une remontée des taux d’intérêt pour ralentir le rythme de l’activité économique.

 

Quid des implications d’une surchauffe de l’économie américaine sur les économies africaines ?

 

La surchauffe de l’économie américaine pourrait entraîner le phénomène d’inflation importée dans plusieurs pays dont ceux de l’Afrique. La forte teneur des échanges internationaux en dollar américain permet de comprendre les mécanismes de transmissions. L’inflation américaine va engendrer une augmentation des prix des biens importés (en provenance) des Etats-Unis. Si pour un pays, le panier de consommation des populations est fortement dominé par les biens importés des Etats-Unis, alors on assisterait à une augmentation du niveau général des prix dans ce pays. Pour les pays en régime de change fixe, le mécanisme d’inflation importée des Etats-Unis peut résulter de la contrainte qu’à la banque centrale de maintenir le taux de change fixe. En effet, l’inflation américaine va s’accompagner d’une grande quantité de dollars en circulation (dû au vaste plan de relance). Les banques centrales locales, dans le but de maintenir la parité fixe, vont racheter du dollar américain, ceci va accroître l’offre de monnaie locale. Si l’activité économique ne suit pas cette augmentation de la masse monétaire, il va résulter de l’inflation.

 

Par ailleurs, si la Réserve fédérale américaine décide de mener une politique monétaire restrictive en augmentant les taux d’intérêts (en vue de maîtriser l’inflation aux Etats-Unis), cela entravera la latitude des pays africains sur le marché international des capitaux (dette) pour financer leur économie.

 

Toutefois, à court terme la surchauffe de l’économie américaine pourrait profiter aux économies africaines en améliorant la compétitivité des biens produits en Afrique relativement aux biens en provenance des Etats-Unis qui seront davantage chers. Mais la forte dépendance des pays africains en biens importés, couplée avec un contenu des exportations africaines essentiellement en matières premières, pourraient rapidement faire obstruction à cet effet positif.

Publié par : Economie     -     Publié le : 4 mars 2021