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L’État, les individus, les entreprises, ont des objectifs que l’économie appelle des « besoins », mais ils disposent surtout de moyens limités pour les satisfaire. En effet, une grande partie des ressources de l’écosystème humain (la planète) sont par nature limitées et ne peuvent donc satisfaire tous les besoins. Il en résulte donc qu’une croissance infinie dans un monde fini est impossible. Ainsi, une quête effrénée de la croissance serait donc difficilement soutenable et à long terme préjudiciable. De ce fait, chaque prélèvement de ressources non renouvelables hypothèque l’avenir quant aux chances de survie à long terme de l’humanité. Les économistes dans leurs modèles de croissance ont oublié de prendre en compte les limites de la biosphère. Ces différents constats ont fait naître la théorie de la décroissance économique principalement portée par Nicholas Gorgescu-Roegen.

 

Il s’agit d’un concept tant économique que social et politique qui remet en cause l’idée selon laquelle l’augmentation des richesses conduit au bien-être de la société. Le terme de décroissance renvoie à une situation économique durant laquelle la richesse économique produite n’augmente pas, voire diminue. Ce concept est à distinguer de la récession, simple constat d’un taux de croissance négatif dans le cadre d’une économie productiviste. Le concept de décroissance relève d’une démarche volontaire et non pas d’une réalité subie. Il repose sur le principe de la prise de conscience d’un monde fini, aux ressources limitées, et sur l’idée que seule une réduction de la production et de la consommation globales pourra assurer l’avenir de l’humanité et la préservation de la planète. La croissance ne peut être infinie dans un monde fini.

 

Si les positions de l’idéologie de la décroissance restent minoritaires dans le concert économique mondial, ses thématiques n’en impactent pas moins de nombreux discours, notamment ceux liés au développement durable. En effet, dans le champ de l’écologie et du développement durable, l’idée que notre modèle économique fondé sur la croissance est la racine des problèmes environnementaux est de plus en plus répandue. C’est pour soutenir la croissance économique et l’augmentation du PIB que le système économique mondial est sans cesse poussé vers la consommation de ressources naturelles, la conquête de plus en plus systématique des écosystèmes, l’utilisation d’énergies fossiles et de produits chimiques… C’est à cause de la prépondérance de ces activités économiques et de leurs externalités sur l’environnement que l’on observe aujourd’hui le réchauffement climatique, la dégradation de la biodiversité ou encore la pollution de l’air.
Dans la pensée de la décroissance, il y a donc l’idée qu’il faut cesser de vouloir sans cesse produire plus au détriment de la nature, et qu’il faut à la place tenter de produire moins, mais mieux et avec moins de ressources.
Au final, la décroissance cherche à redéfinir notre modèle économique en prenant comme concept de base la résilience.

 

Peu d’économistes prônent la décroissance économique, ils étaient jusqu'ici considérés comme des marginaux. Aux yeux des politiques, ils étaient au mieux des idéalistes aux idées utopiques, au pire des illuminés ignorants du fonctionnement de l'économie. Mais à la lumière des conséquences du confinement pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les théoriciens de la décroissance deviennent audibles et leurs idées s'immiscent petit à petit dans le débat. Moins de production, moins de consommation, et par conséquent moins d'extractions, moins de déchets, moins de pollutions, moins de déplacements, moins de bruit..., telles sont les conséquences du confinement sur l’économie mondiale. Bien qu’elle ne soit pas voulue, nous vivons en ce moment un aperçu de ce qui nous attend en pire si nous n'abandonnons pas la religion de la croissance infinie. Toutefois la décroissance est-elle réalisable? Elle repose sur le concept de découplage, qui suppose de faire croître continuellement le PIB tout en réduisant de manière généralisée l'empreinte écologique liée aux activités économiques. Mais toutes les études nous montrent que c'est impossible. Le seul moment où on a des progrès pour l'environnement, c'est quand l'économie ralentit. La croissance du PIB est fondée sur la consommation d'énergie et sur la consommation de matière. 

 

Alors décroissance : utopie ou réalité !?

Publié par : Finance     -     Publié le : 23 mars 2021