#

Le marché des titres publics par adjudication de l’UMOA est un marché sur lequel les huit (08) Etats membres de cette zone émettent des titres de créance pour mobiliser des ressources financières destinées à financer leur budget.

Dans cette étude, nous passons en revue l’évolution des taux de rendement sur ce marché de 2018 au premier semestre 2021 (S1 2021).

Evolution de la moyenne des Taux Moyens Pondérés (TMP*) dans l’UMOA

                            Année

Maturité

2018

2019

2020

S1 2021

6 mois

6,12%

5,50%

4,32%

3,04%

1 an

6,20%

5,31%

4,69%

4,16%

3 ans

7,57%

6,45%

6,22%

5,61%

5 ans

7,30%

6,77%

6,34%

5,93%

7 ans

6,25%

6,35%

6,48%

6,12%

10 ans

-

-

6,50%

6,23%

 

Evolution de la moyenne des Taux de Couverture (TC**) dans l’UMOA

                            Année

Maturité

2018

2019

2020

S1 2021

6 mois

120,04%

136,50%

168,63%

157,44%

1 an

123,96%

225,64%

180,13%

210,85%

3 ans

83,80%

179,12%

140,64%

133,13%

5 ans

36,74%

165,43%

111,43%

131,20%

7 ans

93,00%

79,06%

116,27%

142,73%

10 ans

-

-

28,00%

111,21%

 

Evolution du nombre d'émissions dans l’UMOA

                            Année

Maturité

2018

2019

2020

S1 2021

6 mois

                 10  

                9  

                 14  

             16  

1 an

                 45  

               37  

                 35  

             13  

3 ans

                 42  

               37  

                 62  

             28  

5 ans

                 16  

               23  

                 47  

             25  

7 ans

                   1  

               5  

                 20  

             18  

10 ans

                  -    

                  -    

                   3  

               5  

Total

               114  

             111  

               181  

           105  

Sources : compilation à partir des résultats des adjudications

*Taux Moyen Pondéré (TMP): correspond au taux de rentabilité actuariel obtenu en gardant l’obligation jusqu’à l’échéance.

  est le taux d'intérêt de la soumission;   la valeur totale des soumissions et  le nombre total des soumissions.

**Taux de couverture (TC) : taux de couverture du montant mis en adjudication par les soumissions.

Nous assistons depuis 2020 à une révolution et à une normalisation du marché des titres publics par adjudication de l’UMOA. En effet, ce marché enregistre depuis 2019 une baisse continue des taux de rendement qui s’accentue de plus en plus ces derniers mois, avec à la clé des taux de rendement les plus bas de l’histoire du marché.

Sur la maturité 1 an, la moyenne des taux de rendement moyens pondérés de l’UEMOA est passée par exemple de 6,20% en 2018 à 4,16% au premier semestre 2021. Pour la maturité de 5 ans et sur la même période le rendement est passé de 7,30% à 5,93%.

Si sur la maturité de 7 ans, le rendement est allé crescendo entre 2018 et 2020, cela pourrait s’expliquer par le fait que cette maturité est restée jusqu’en 2020 la maturité la plus longue. Mais en 2021 le rendement sur la maturité de 7 ans a chuté passant de 6,48% en 2020 à 6,12% au S1 2021.

Par ailleurs, les émissions de maturité plus longues sont plus régulières et les rendements des titres même étant en chute, évoluent désormais en fonction de leur maturité.

Alors que les maturités plus longues disponibles sur le marché en 2019 étaient celles de 5 ans (les titres de 7 ans étant rares : 05 émissions au total), depuis 2020 les émissions de maturité 7 ans se sont multipliées pour s’étendre à 7 des 8 pays membres de l’UMOA. De plus, les titres de 10 ans sont désormais émis depuis 2020 (3 émissions) et deviennent plus réguliers au S1 2021.

De même, alors que les émissions de maturité inférieure étaient souvent plus rémunérées plus que celles de maturité supérieure, depuis 2020, cette tendance se normalise. Ainsi en 2020 et au S1 2021, les rendements sont fonction croissante des maturités.

Si cette tendance de fléchissement continu des taux sur le marché peut s’expliquer par la forte demande des titres, comme en témoignent les taux de couverture des soumissions, l’amélioration des taux de couverture même pour les maturités de plus longues serait soutenue par certains facteurs.

La baisse des taux sur le marché est un avantage pour les Etats émetteurs qui demandent à mobiliser des ressources plus longues à des coûts compétitifs. Les Etats avec l’aide de l’Agence UMOA Titres travaillent donc pour cette fin. En effet, les Etats de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Bénin sollicitent déjà depuis quelques années  le marché international de la dette sur des maturités très longues (plus de 20 ans) à des taux d’intérêts plus faibles que ce qu’offre le marché régional, et avec des volumes plus importants.

Ce recours au marché international ne favorise pas la promotion du marché régional, en ce sens que la mobilisation de volume de dette important à l’international limite le recours à d’autres emprunts pour le respect du taux d’endettement. Le repli des taux sur notre marché et la possibilité plus accrue de mobiliser des ressources longues avec des volumes importants favoriseraient le développement du marché régional.

Certaines mesures prises par la BCEAO depuis 2020 contribuent aussi à la baisse des taux. Avec l’avènement de la Covid 19, le besoin de financement des Etats s’est accru pour faire face aux conséquences de la pandémie. Ainsi, des instruments comme les Bons Covid 19 et les Bons et Obligations de relances ont été structurés, avec la volonté de la BCEAO d’appuyer les Etats à mobiliser des ressources à faible coût. Ainsi un guichet spécial de refinancement à 3 mois a été mise en place pour permettre aux banques de refinancer les Bons. Soulignons que les banques de l’UEMOA interviennent sur le marché pour leur propre compte et financent à plus de 90% les émissions sur le marché. Un autre guichet spécial de refinancement dénommé « guichet de relance » pour les Obligations de relance a été mise en place, pour le refinancement des Obligations pour une durée minimum de 6 mois.

Ce repli continu des taux sur le marché des titres peut avoir comme conséquence le retrait des investisseurs particuliers ou des personnes morales autres que les banques. Ces investisseurs sont, en effet, à l’affût de meilleurs rendements et privilégient des émissions de courte maturité. Cependant, la réduction subséquente des taux d’intérêt des produits d’épargnes classiques pourrait freiner le retrait de ces investisseurs.

Dans tous les cas, les investissements des particuliers sur le marché des titres publics demeurent faibles.

Publié par : Finance     -     Publié le : 6 sept. 2021