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Les places africaines peinent à accompagner le développement du continent. Cette situation est due à plusieurs facteurs notamment le timide intérêt du secteur privé, l’absence de privatisations, la concurrence des grandes bourses mondiales.

Pourtant, la quasi-totalité des politiques économiques adoptées par les pays émergents ou en développement pour accélérer leur croissance privilégie l’amélioration de la mobilisation des ressources à long terme, que l’on trouve généralement sur les marchés de capitaux.

En fin 2019, le continent africain comptait 32 Bourses, avec environ 2 000 sociétés cotées, contre 5 899 en Chine, pour une capitalisation boursière de 1 400 milliards de dollars, soit 60 % du PIB du continent, contre 82,89 % pour la Chine. Outre ces données, des différences profondes existent entre les places. Les transactions quotidiennes à la première Bourse du continent, Johannesburg – dont la capitalisation dépasse 1 000 milliards de dollars –, atteignent 13,8 milliards de dollars, soit à peu près autant que la capitalisation totale de la Bourse de Maurice, à Port-Louis (14,9 milliards). Tous ces indicateurs reflètent bien l’insuffisante contribution des places africaines au développement du continent en raison de leur faible utilisation. De plus, malgré les multiples avantages de l’introduction en Bourse (plus-value de cession, arrêt des subventions, amélioration des recettes fiscales, actionnariat populaire, etc), elle n’est pas privilégiée par les entreprises privées du continent lorsqu’elles cherchent à lever des capitaux à long terme, à l’exception de quelques rares grandes entreprises du secteur financier ou des télécommunications (Ecobank, MTN, BMCE Bank of Africa, Vodacom, Safaricom…).

Par ailleurs, on entend aussi dire que les Bourses du continent ne sont ni liquides ni profondes. Elles n’attireraient donc pas les entreprises africaines, qui leur préféreraient Londres ou New York. Mais la liquidité et la profondeur d’un marché de capitaux ne se décrètent pas. Elles se créent à l’intérieur d’un cercle vertueux : admission de nouvelles sociétés à la cote, information financière et éducation des investisseurs, liquidité, attraction de nouveaux investisseurs, profondeur du marché, admission de nouvelles sociétés à la cote. L’Afrique, forte de son potentiel d’investisseurs personnes morales et du développement de sa classe moyenne, nouvelle catégorie d’investisseurs personnes physiques, qu’il faudrait informer et éduquer financièrement, peut réussir à mettre en place ce mécanisme. Le développement du continent passe donc par l’intégration de ses systèmes bancaires et marchés de capitaux et la mobilisation des ressources à long terme, nécessaires pour le financement des infrastructures et de l’industrialisation.

Source : Jeune Afrique, 2019

Publié par : Finance     -     Publié le : 8 juin 2021