Dans toutes les économies, la production peut être divisée en deux : ce qui est vendu sur le marché et ce qui est affecté par l'Etat. La partie de la production qui est vendue sur le marché est désignée comme la production marchande et celle qui est l'objet d'une affectation d'Etat, représente la production non marchande. Le secteur non marchand intègre les services publics (administrations publiques) qui sont évalués sur la base de leur coût soit, essentiellement, les salaires versés. L'économie marchande, quant à elle, intègre les biens et services marchands. La distinction secteur marchand et secteur non marchand conduit donc à dissocier le PIB marchand du PIB non marchand.
Au Bénin, le secteur non marchand croit beaucoup plus vite que le secteur marchand. Dit autrement, la valeur ajoutée non-marchande évolue à un rythme supérieur à celui de la valeur ajoutée marchande. (Figure 1)
Figure 1: Evolution du PIB marchand vs PIB non marchand au Bénin. Année 2008 = 100. Données BCEAO
Il existe également une autre façon de voir le phénomène mis en relief. De 2000 à 2005, le poids de l’Etat rapporté au secteur privé a baissé. Depuis 2005, la croissance de l’économie béninoise est portée par la croissance du secteur public (figure2). Sans discuter l'efficience des dépenses publiques, il convient de rappeler que les ressources financières du secteur non marchand proviennent directement (via les taxes) ou indirectement (via la dette qui n’est que des futurs taxes) du secteur marchand. Donc, si le secteur non marchand croit plus vite que le secteur marchand, il y a faillite à l’horizon.
Figure 2 : Ratio du PIB non marchand vs PIB marchand au Bénin. Année 2008 = 100. Données BCEAO
Cette dérive du Bénin vers un mode de production non marchand pose des problèmes de financement et augmente l’encours de la dette publique. En effet, au Bénin, la croissance structurelle (croissance du PIB par habitant) évolue quasiment de la même façon que l’encours de la dette publique (figure 3). Ce qui conduit à la remarque suivante : dans le cas du Bénin, il ne faut pas confondre croissance du PIB et croissance de la valeur ajoutée marchande.
Figure 3: Evolution de l’encours de la dette publique vs croissance du pib par tête au Bénin. Données BCEAO, Banque mondiale