Depuis la préhistoire jusqu'à 1750 environ, le taux de concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère était relativement constant, autour de 280 parties par million (ppm).
Depuis, ce taux n'a cessé de croître. En 2021, les émissions ont atteint le seuil de 420 ppm.
Après une chute de 6,4% en 2021 (Tollefson, 2021) du fait des mesures de confinement, les émissions ont déjà retrouvé un rythme de croissance soutenu de plus de 2 ppm /an, selon les données de l'observatoire de Mauna Loa (Hawaï).
Il existe, cependant, des disparités géographiques et les pays en développement les moins pollueurs sont aussi les plus vulnérables aux effets néfastes du fléau.
En 60 ans, les émissions de CO2 en tonnes par habitant ont été multipliées respectivement par 9 et 12 environ au Bénin et au Qatar. Le qatari émettait en moyenne 37 tonnes de CO2 en 2020 contre 0,55 tonne pour un citoyen béninois...
Pourtant, le Bénin a pâti des externalités négatives du dérèglement climatique en 2020... Une baisse de la pluviométrie dans le pays s'est soldée par de mauvaises récoltes agricoles réduissant l'offre de produits vivriers disponibles pour la consommation et menaçant la sécurité alimentaire dans un contexte de pandémie de covid (rupture des chaînes d'approvisionnment, goulets d'étranglement au niveau de l'offre mondiale..).
Lire la publication entière
Le Bénin fait cavalier seul dans la zone UEMOA.
Alors que le taux d'inflation atteint des niveaux records dans tous les pays de l'espace économique et monétaire ouest africain et dans la plupart des pays du monde, le Bénin se distingue avec un rythme de désinflation (en variation mensuelle) depuis février 2022.
Fin juillet, le taux d'inflation mensuel se trouvait en territoire négatif à -1% (selon les statistiques de la BCEAO).
Gloire aux paysans béninois.
L'inversion de la tendance de inflationiste observée au Bénin s'explique par le repli de l'indice des prix des produits agricoles vivriers de 2% , passant de 145,2 au 1er trimestre à 142,3 au 2ème trimestre.
Les céréales (-5,3%) et les tubercules (-2,4%) sont les principaux contributeurs à la baisse des prix, en raison de l'abondance du maïs issu des nouvelles récoltes dans la partie méridionale du pays et de l'augmentation de l'offre locale de manioc.
Le mérite revient aux agriculteurs dont le travail a permis d'augmenter l'offre locale de produits alimentaires faisant relâcher la pression sur les prix.
Source : LLoG Advisory/CJEA
Lire la publication entière
Le Bénin est en désinflation depuis le mois de février 2022 (selon les statistiques de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest).
L'inflation a amorcé une décélération en glissement mensuel, passant de 7,9 % (point culmunant en janvier 2022) à 2,5% en février puis 0,5% en Mai 2022.
Depuis juin 2022, le Bénin connait une situation de déflation. Le taux d'inflation s'établissait à -2,6% en juin 2022 puis à -1% en Juillet 2022.
Toutefois, nous avons procédé à une décompostion de l'indice des prix à la consommation. Nous construisons l'indice des prix zémidjan.
Ce dernier prend en considération la dynamique de l'indice des prix à la consommation pour trois postes de dépenses incompressibles pour le citoyen béninois. Il s'agit de : - l'alimentation (1/3) - le logement (1/3) - le transport (1/3).
La comparaison entre l'indice zémidjan et l'indice global des prix à la consommation montre que la dynamique de l'indice global est en majortité portée par celle de l'indice zémidjan ; avec des surréactions de l'indice zémidjan par moment. Cela justifie bien l'idée que les revenus les plus modestes sont très sensibles à la variation des prix.
Par ailleurs, nous observons un amenuisement des prix à la consommation en juillet 2022 par rapport aux niveaux de juin 2021 et janvier 2022.
Source : LLoG Advisory / CJEA
Lire la publication entière
L'indice ND-GAIN (Notre Dame Global Adaptation Initiative) est un indicateur développé par L'Université de Notre Dame. Il donne une indication sur la vulnérabilité d'un pays au changement climatique et à d'autres défis mondiaux, ainsi que sa capacité à améliorer sa résilience. Il vise à aider les gouvernements, les entreprises et les communautés à mieux prioriser les investissements pour une réponse plus efficace aux défis mondiaux immédiats. Il fait appel à deux composantes clés de l'adaptation : la vulnérabilité et la préparation.
La vulnérabilité mesure l'exposition, la sensibilité et la capacité d'adaptation d'un pays aux effets négatifs du changement climatique. ND-GAIN mesure la vulnérabilité globale en prenant en compte six secteurs essentiels à la vie : l'alimentation, l'eau, la santé, les services écosystémiques, l'habitat humain et les infrastructures.
EXPOSITION : Apprécie le degré auquel un système est exposé à un changement climatique important d'un point de vue biophysique. Il s'agit d'une composante de la vulnérabilité indépendante du contexte socio-économique. Les indicateurs d'exposition sont des impacts projetés pour les décennies à venir et sont donc invariants au fil du temps dans ND-GAIN.
SENSIBILITÉ : Apprécie la mesure dans laquelle un pays est dépendant d'un secteur affecté négativement par un aléa climatique, ou la proportion de la population particulièrement sensible à un aléa climatique. La sensibilité d'un pays peut varier dans le temps.
CAPACITÉ D'ADAPTATION : Capture la disponibilité des ressources sociales pour l'adaptation spécifique à un secteur. Dans certains cas, ces capacités reflètent des solutions d'adaptation durables. Dans d'autres cas, elles reflètent les capacités à mettre en place des adaptations plus récentes et plus durables. La capacité d'adaptation varie également dans le temps.
Quant à la capacité à améliorer la résilience (ou la préparation), elle vise à mesurer la capacité d'un pays à tirer parti des investissements et à les convertir en actions d'adaptation. ND-GAIN mesure l'état de préparation global en tenant compte de trois composantes : l'état de préparation économique, l'état de préparation de la gouvernance et l'état de préparation sociale.
ECONOMIQUE : Capture la capacité de l'environnement commercial d'un pays à accepter des investissements qui pourraient être appliqués à l'adaptation qui réduit la vulnérabilité (réduit la sensibilité et améliore la capacité d'adaptation).
GOUVERNANCE : Capture les facteurs institutionnels qui améliorent l'application des investissements pour l'adaptation.
SOCIAL : Capture les facteurs tels que l'inégalité sociale, l'infrastructure TIC, l'éducation et l'innovation qui améliorent la mobilité des investissements et favorisent les actions d'adaptation.
Le score ND-GAIN d'un pays est composé d'un score de vulnérabilité et d'un score de préparation selon la formule suivante : (Score de préparation - Score de vulnérabilité + 1) *50
En 2020, pour le Bénin, le score de préparation est de 0,337 et le score le vulnérabilité s'établit à 0,572.
Le score de vulnérabilité élevé et le score de préparation faible du Bénin signifient que le pays a à la fois un important besoin d'investissements et d'innovations pour améliorer son état de préparation et une grande urgence d'action. Le Bénin est le 16ème pays le plus vulnérable et le 133ème pays le plus prêt.
Pour l'indice global ND-GAIN, le Bénin a un score de 38,2 ce qui le place à la 152ème place mondiale sur 182 pays.
Lire la publication entière
Le monde essuie, depuis bientôt trois ans, crise sur crise et l’Afrique en paie lourdement les frais. Malgré un faible taux d’incidence de la pandémie sur le continent en 2020, la croissance économique a chuté de 4.8% (de 3.1% en 2019 à -1.7% en 2020) avec une inflation s’établissant à 10.2%. Environ 62% des pays du continent ont enregistré une croissance négative en 2020.
Le conflit géopolitique entre l’Ukraine et la Russie constitue une source supplémentaire de déséquilibre macroéconomique pour les économies africaines déjà fragilisées par la crise précédente. Le conflit entraîne d’importantes conséquences sur le continent, notamment la sécurité alimentaire.
Après une reprise de l’activité économique évaluée à 4.5% en 2021, le Fonds Monétaire Internationale anticipe un ralentissement à 3.8% en 2022. Ces projections pourraient être révisées à la baisse si le contexte international se détériore ou avec la persistance du conflit en Europe orientale. Selon les projections du FMI pour l’année 2022, l’inflation s’établirait à 12.2% en 2022.
Quelles sont les perspectives pour le continent africain ?
RESILIENCE !
La résilience économique traduit la capacité d’une économie à atténuer les chocs négatifs, maintenir la production et la croissance. La résilience économique requiert une amélioration du cadre macroéconomique des pays et la constitution de « buffers ».
Les différentes crises qui affectent les économies africaines révèlent, à nouveau, la forte dépendance alimentaire, énergétique de l’Afrique. La hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires pèse lourdement sur les économies africaines, plus particulièrement sur le niveau de vie de la population notamment dans les pays importateurs net. Cela souligne la nécessite d’améliorer la productivité du secteur agricole sur le contient et d’encourager les producteurs locaux via divers des mécanismes de formation professionnelle aux techniques agricoles.
Aussi, ces crises, notamment la hausse générale des prix démontre l’importance et la nécessité de la diversification des partenaire internationaux et l’urgence du développement de la zone de libre-échange mais aussi du commerce intrarégional en Afrique.
Par ailleurs, ces perturbations macroéconomiques montrent également l’importance des politiques budgétaires contracycliques et d’une bonne coordination avec la banque centrale afin d’apporter des réponses à la hauteur de l’ampleur des chocs exogènes qui affectent les pays. En effet, le comportement procyclique des politiques budgétaires est bien connu dans les pays en développement notamment les pays africains. La contracyclicité de la politique budgétaire permet d’assurer aux pays des réserves de sécurités pour soutenir l’économie domestique en période de mauvaise conjoncture. Cela assure aux pays une crédibilité sur les marchés financiers et renvoie un signal de confiance aux investisseurs étrangers.
Néanmoins, pour permettre la mise en place des politiques budgétaires contracycliques, les économies africaines doivent en premier lieu améliorer et élargir/diversifier leurs sources de revenus domestiques. Cela nécessite d’élargir la base fiscale mais aussi de mieux cibles les dépenses publiques.
Lire la publication entière
Le compte courant retrace l’évolution des flux (entrant et sortant). Le solde du compte courant montre le solde net des importations et des exportations : Exportations – Importations.
Il indique la santé du pays, principalement si le pays est excédentaire ou déficitaire vis-à-vis du reste du monde. Le signe (positif==excédent ou négatif==déficit) du solde de la balance courante est une information importante.
Le déficit du compte courant indique que le pays importe plus qu’il exporte. Il révèle également une forte accumulation d’investissement d’agents non-résidents. En effet, un déficit de la balance courante indique que les investissements étrangers sont supérieurs à l’épargne domestique (I>S).
En général, le niveau de déficit courant jugé soutenable est évalué à 5% du PIB.
La plupart des pays africains ont un compte courant négatif, avec un déficit supérieur à 10% du PIB dans 10 pays (Mozambique, Sao Tome & Principles, Libéria, Sierra Leone, Malawi, Seychelles, Niger, Burundi, Guinée et le Rwanda). Toutefois, le Nigeria, le Botswana, l’Angola, l’Eswatini et le Gabon enregistrent des soldes positifs. (Figure 1)
Figure 1. Déficit commercial (% PIB), 2011-2021
L’inflation galopante, alimentée par la crise du COVID-19 et le conflit en Ukraine constituent un risque supplémentaire pour les pays du monde, particulièrement les pays Africains. L'augmentation des prix à l'importation déprime le compte courant, notamment dans les pays importateurs nets.
Lire la publication entière
En pleine pandémie, les produits alimentaires importés pour la consommation des ménages béninois ont atteint le plancher (en volume).
Pendant ce temps, les exportations (en volume) des produits alimentaires domestiques atteignaient des plafonds historiques, allant à deux fois plus les performances passées.
La demande toujours plus croissante des ménages (en raison de l'incertitude sur l'approvisionnement des produits) se heurte à une offre réduite du fait de la rupture des chaînes d'approvisionnement et des capacités limitées d'augmentation de la production domestique.
Sur le marché domestique, il s'est ensuivi d'importantes perturbations avec des ajustements de prix à la clé.
Source : CJEA
Lire la publication entière
Le Bénin est un importateur net des produits manufacturés de consommation. En ce sens, le pays ne fait pas l’exception sur le continent africain où les importations de produits manufacturés excèdent 50% du total des importations.
Au 1er trimestre 2019, avant la pandémie de covid-19, le Bénin a importé à peu près 1.619.534 tonnes de produits.
1 an plus tard, au 1er trimestre 2020, dans le sillage de la pandémie de covid-19, ces importations ont baissé à environ 1.009.387 de tonnes de produits et marchandises, soit une baisse de 610.147 tonnes en un an ; et une baisse de 297.180 tonnes par rapport à la moyenne sur la période 2018 (T1) - 2021 (T3).
Les exportations du pays ont connu deux pics à 530.314 tonnes au 1er trimestre 2020 et 526.954 tonnes au 1er trimestre 2021.
Une conséquence de ces évolutions est la perturbation de l’offre et de la demande sur le marché national, qui se manifeste par des ajustements (à la hausse) des prix, laquelle est observée depuis plusieurs mois..
Source : Instad (Bénin)/CJEA
Lire la publication entière
Le marché des titres publics par adjudication de l’UMOA est un marché sur lequel les huit (08) Etats membres de cette zone émettent des titres de créance pour mobiliser des ressources financières destinées à financer leur budget.
Dans cette étude, nous passons en revue l’évolution des taux de rendement sur ce marché de 2018 au premier semestre 2021 (S1 2021).
Evolution de la moyenne des Taux Moyens Pondérés (TMP*) dans l’UMOA |
||||
Année Maturité |
2018 |
2019 |
2020 |
S1 2021 |
6 mois |
6,12% |
5,50% |
4,32% |
3,04% |
1 an |
6,20% |
5,31% |
4,69% |
4,16% |
3 ans |
7,57% |
6,45% |
6,22% |
5,61% |
5 ans |
7,30% |
6,77% |
6,34% |
5,93% |
7 ans |
6,25% |
6,35% |
6,48% |
6,12% |
10 ans |
- |
- |
6,50% |
6,23% |
Evolution de la moyenne des Taux de Couverture (TC**) dans l’UMOA |
||||
Année Maturité |
2018 |
2019 |
2020 |
S1 2021 |
6 mois |
120,04% |
136,50% |
168,63% |
157,44% |
1 an |
123,96% |
225,64% |
180,13% |
210,85% |
3 ans |
83,80% |
179,12% |
140,64% |
133,13% |
5 ans |
36,74% |
165,43% |
111,43% |
131,20% |
7 ans |
93,00% |
79,06% |
116,27% |
142,73% |
10 ans |
- |
- |
28,00% |
111,21% |
Evolution du nombre d'émissions dans l’UMOA |
||||
Année Maturité |
2018 |
2019 |
2020 |
S1 2021 |
6 mois |
10 |
9 |
14 |
16 |
1 an |
45 |
37 |
35 |
13 |
3 ans |
42 |
37 |
62 |
28 |
5 ans |
16 |
23 |
47 |
25 |
7 ans |
1 |
5 |
20 |
18 |
10 ans |
- |
- |
3 |
5 |
Total |
114 |
111 |
181 |
105 |
Sources : compilation à partir des résultats des adjudications
*Taux Moyen Pondéré (TMP): correspond au taux de rentabilité actuariel obtenu en gardant l’obligation jusqu’à l’échéance.
où
est le taux d'intérêt de la soumission
;
la valeur totale des soumissions et
le nombre total des soumissions.
**Taux de couverture (TC) : taux de couverture du montant mis en adjudication par les soumissions.
Nous assistons depuis 2020 à une révolution et à une normalisation du marché des titres publics par adjudication de l’UMOA. En effet, ce marché enregistre depuis 2019 une baisse continue des taux de rendement qui s’accentue de plus en plus ces derniers mois, avec à la clé des taux de rendement les plus bas de l’histoire du marché.
Sur la maturité 1 an, la moyenne des taux de rendement moyens pondérés de l’UEMOA est passée par exemple de 6,20% en 2018 à 4,16% au premier semestre 2021. Pour la maturité de 5 ans et sur la même période le rendement est passé de 7,30% à 5,93%.
Si sur la maturité de 7 ans, le rendement est allé crescendo entre 2018 et 2020, cela pourrait s’expliquer par le fait que cette maturité est restée jusqu’en 2020 la maturité la plus longue. Mais en 2021 le rendement sur la maturité de 7 ans a chuté passant de 6,48% en 2020 à 6,12% au S1 2021.
Par ailleurs, les émissions de maturité plus longues sont plus régulières et les rendements des titres même étant en chute, évoluent désormais en fonction de leur maturité.
Alors que les maturités plus longues disponibles sur le marché en 2019 étaient celles de 5 ans (les titres de 7 ans étant rares : 05 émissions au total), depuis 2020 les émissions de maturité 7 ans se sont multipliées pour s’étendre à 7 des 8 pays membres de l’UMOA. De plus, les titres de 10 ans sont désormais émis depuis 2020 (3 émissions) et deviennent plus réguliers au S1 2021.
De même, alors que les émissions de maturité inférieure étaient souvent plus rémunérées plus que celles de maturité supérieure, depuis 2020, cette tendance se normalise. Ainsi en 2020 et au S1 2021, les rendements sont fonction croissante des maturités.
Si cette tendance de fléchissement continu des taux sur le marché peut s’expliquer par la forte demande des titres, comme en témoignent les taux de couverture des soumissions, l’amélioration des taux de couverture même pour les maturités de plus longues serait soutenue par certains facteurs.
La baisse des taux sur le marché est un avantage pour les Etats émetteurs qui demandent à mobiliser des ressources plus longues à des coûts compétitifs. Les Etats avec l’aide de l’Agence UMOA Titres travaillent donc pour cette fin. En effet, les Etats de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Bénin sollicitent déjà depuis quelques années le marché international de la dette sur des maturités très longues (plus de 20 ans) à des taux d’intérêts plus faibles que ce qu’offre le marché régional, et avec des volumes plus importants.
Ce recours au marché international ne favorise pas la promotion du marché régional, en ce sens que la mobilisation de volume de dette important à l’international limite le recours à d’autres emprunts pour le respect du taux d’endettement. Le repli des taux sur notre marché et la possibilité plus accrue de mobiliser des ressources longues avec des volumes importants favoriseraient le développement du marché régional.
Certaines mesures prises par la BCEAO depuis 2020 contribuent aussi à la baisse des taux. Avec l’avènement de la Covid 19, le besoin de financement des Etats s’est accru pour faire face aux conséquences de la pandémie. Ainsi, des instruments comme les Bons Covid 19 et les Bons et Obligations de relances ont été structurés, avec la volonté de la BCEAO d’appuyer les Etats à mobiliser des ressources à faible coût. Ainsi un guichet spécial de refinancement à 3 mois a été mise en place pour permettre aux banques de refinancer les Bons. Soulignons que les banques de l’UEMOA interviennent sur le marché pour leur propre compte et financent à plus de 90% les émissions sur le marché. Un autre guichet spécial de refinancement dénommé « guichet de relance » pour les Obligations de relance a été mise en place, pour le refinancement des Obligations pour une durée minimum de 6 mois.
Ce repli continu des taux sur le marché des titres peut avoir comme conséquence le retrait des investisseurs particuliers ou des personnes morales autres que les banques. Ces investisseurs sont, en effet, à l’affût de meilleurs rendements et privilégient des émissions de courte maturité. Cependant, la réduction subséquente des taux d’intérêt des produits d’épargnes classiques pourrait freiner le retrait de ces investisseurs.
Dans tous les cas, les investissements des particuliers sur le marché des titres publics demeurent faibles.
Lire la publication entière
Les places africaines peinent à accompagner le développement du continent. Cette situation est due à plusieurs facteurs notamment le timide intérêt du secteur privé, l’absence de privatisations, la concurrence des grandes bourses mondiales.
Pourtant, la quasi-totalité des politiques économiques adoptées par les pays émergents ou en développement pour accélérer leur croissance privilégie l’amélioration de la mobilisation des ressources à long terme, que l’on trouve généralement sur les marchés de capitaux.
En fin 2019, le continent africain comptait 32 Bourses, avec environ 2 000 sociétés cotées, contre 5 899 en Chine, pour une capitalisation boursière de 1 400 milliards de dollars, soit 60 % du PIB du continent, contre 82,89 % pour la Chine. Outre ces données, des différences profondes existent entre les places. Les transactions quotidiennes à la première Bourse du continent, Johannesburg – dont la capitalisation dépasse 1 000 milliards de dollars –, atteignent 13,8 milliards de dollars, soit à peu près autant que la capitalisation totale de la Bourse de Maurice, à Port-Louis (14,9 milliards). Tous ces indicateurs reflètent bien l’insuffisante contribution des places africaines au développement du continent en raison de leur faible utilisation. De plus, malgré les multiples avantages de l’introduction en Bourse (plus-value de cession, arrêt des subventions, amélioration des recettes fiscales, actionnariat populaire, etc), elle n’est pas privilégiée par les entreprises privées du continent lorsqu’elles cherchent à lever des capitaux à long terme, à l’exception de quelques rares grandes entreprises du secteur financier ou des télécommunications (Ecobank, MTN, BMCE Bank of Africa, Vodacom, Safaricom…).
Par ailleurs, on entend aussi dire que les Bourses du continent ne sont ni liquides ni profondes. Elles n’attireraient donc pas les entreprises africaines, qui leur préféreraient Londres ou New York. Mais la liquidité et la profondeur d’un marché de capitaux ne se décrètent pas. Elles se créent à l’intérieur d’un cercle vertueux : admission de nouvelles sociétés à la cote, information financière et éducation des investisseurs, liquidité, attraction de nouveaux investisseurs, profondeur du marché, admission de nouvelles sociétés à la cote. L’Afrique, forte de son potentiel d’investisseurs personnes morales et du développement de sa classe moyenne, nouvelle catégorie d’investisseurs personnes physiques, qu’il faudrait informer et éduquer financièrement, peut réussir à mettre en place ce mécanisme. Le développement du continent passe donc par l’intégration de ses systèmes bancaires et marchés de capitaux et la mobilisation des ressources à long terme, nécessaires pour le financement des infrastructures et de l’industrialisation.
Source : Jeune Afrique, 2019
Lire la publication entière
Dans toutes les économies, la production peut être divisée en deux : ce qui est vendu sur le marché et ce qui est affecté par l'Etat. La partie de la production qui est vendue sur le marché est désignée comme la production marchande et celle qui est l'objet d'une affectation d'Etat, représente la production non marchande. Le secteur non marchand intègre les services publics (administrations publiques) qui sont évalués sur la base de leur coût soit, essentiellement, les salaires versés. L'économie marchande, quant à elle, intègre les biens et services marchands. La distinction secteur marchand et secteur non marchand conduit donc à dissocier le PIB marchand du PIB non marchand.
Au Bénin, le secteur non marchand croit beaucoup plus vite que le secteur marchand. Dit autrement, la valeur ajoutée non-marchande évolue à un rythme supérieur à celui de la valeur ajoutée marchande. (Figure 1)
Figure 1: Evolution du PIB marchand vs PIB non marchand au Bénin. Année 2008 = 100. Données BCEAO
Il existe également une autre façon de voir le phénomène mis en relief. De 2000 à 2005, le poids de l’Etat rapporté au secteur privé a baissé. Depuis 2005, la croissance de l’économie béninoise est portée par la croissance du secteur public (figure2). Sans discuter l'efficience des dépenses publiques, il convient de rappeler que les ressources financières du secteur non marchand proviennent directement (via les taxes) ou indirectement (via la dette qui n’est que des futurs taxes) du secteur marchand. Donc, si le secteur non marchand croit plus vite que le secteur marchand, il y a faillite à l’horizon.
Figure 2 : Ratio du PIB non marchand vs PIB marchand au Bénin. Année 2008 = 100. Données BCEAO
Cette dérive du Bénin vers un mode de production non marchand pose des problèmes de financement et augmente l’encours de la dette publique. En effet, au Bénin, la croissance structurelle (croissance du PIB par habitant) évolue quasiment de la même façon que l’encours de la dette publique (figure 3). Ce qui conduit à la remarque suivante : dans le cas du Bénin, il ne faut pas confondre croissance du PIB et croissance de la valeur ajoutée marchande.
Figure 3: Evolution de l’encours de la dette publique vs croissance du pib par tête au Bénin. Données BCEAO, Banque mondiale
Lire la publication entière
La spéculation boursière est une pratique qui consiste à réaliser une série d’achats et de ventes de valeurs ou titres financiers dans le but de réaliser rapidement des plus-values. Spéculer revient donc à parier sur la hausse ou la baisse de valeurs ou titres sans avoir à les acheter concrètement.
Un célèbre dicton ne dit-il pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Dans cette optique, de célèbres fonds d’investissement américains ayant constaté que la société de jeux vidéo GameStop cotée à la bourse de New-York était en crise, ils ont tenté de gagner de l’argent en pariant contre celle-ci. Ils ont décidé de faire ce qu’on appelle du « short selling » en empruntant massivement des actions qu’ils ne possédaient pas dans un premier temps ; les vendre au prix fort dans un deuxième temps ; puis attendre que le cours baisse pour les racheter dans un dernier temps au rabais et les rendre aux entités auxquelles ils avaient emprunté. Leur position a été confortée mi-janvier par les analystes de Wall Street qui estimaient par leurs modèles que le prix de l’action GameStop connaitra une baisse.
Mais c’est sans compter sur une communauté de traders amateurs rassemblés sur un forum dénommé WallStreetBets qui ont déjoué tous les modèles en estimant qu’il était possible de s’enrichir en pariant plutôt sur une hausse du cours de l’action de GameStop. Ils avaient aussi trouvé l’occasion de piéger les grands acteurs institutionnels de Wall Street en se coordonnant pour acheter massivement des actions de l’entreprise GameStop et faire augmenter la valeur de celle-ci. Succès total !
Les cours de l’action de la société GameStop sont devenus très volatiles. Les cours ont connu une augmentation de 168% entre le 19 février et le 25 février 2021. Les cours ont ensuite continué à augmenter atteignant 264,48 $ le 12 mars 2021. Conséquence, pendant que les fonds d’investissement ont perdu des millions de dollars, les traders amateurs en ont gagné mettant à mal le système. Le hedge fund Melvin Capital, un important fonds d’investissement américain,
a été l’un des plus grand perdant puisqu’il avait parié sur une baisse du cours de GameStop. Il a été contraint d’accepter d’énormes pertes en rachetant toutes les actions GameStop vendues
à découvert auparavant. Selon le Financial Times, on estime à environ 3,75 milliards de dollars les pertes connues de Melvin Capital par exemple.
Cette situation a poussé le gendarme boursier américain, la SEC, à renforcer la surveillance liée
à la valorisation du cours des actions GameStop au niveau de tous les acteurs dans la mesure où certaines stratégies ne sont pas autorisées en bourse et nul n’a le droit de mentir ou répandre de fausses informations dans le but de faire monter ou baisser le cours d’une action et manipuler le marché en sa faveur.
De tout ce qui précède, il ressort que la spéculation prend une part active dans l’accélération des hausses ou baisses de la valeur des actifs sur les marchés. Elle peut se relever déstabilisante des marchés financiers compte tenu des stratégies des spéculateurs et de l’horizon temporel qui est limité, c’est-à-dire le court terme. Un investissement en action devrait s’envisager sur le long terme au-delà des plus-values rapides espérées, comme le soutient George David : « si on investit pas sur le long terme, il n’y a pas de court terme ».
Lire la publication entière
Par définition, le trading regroupe l’ensemble des opérations d’achat et de vente effectuées sur les marchés financiers. Il s’organise de deux manières selon la position des opérateurs (traders) qui s’y engagent. D’une part, on parlera du trading traditionnel lorsque les traders émettent directement les opérations depuis la salle du marché financier et d’autre part, on parlera du trading en ligne lorsque ce dernier met plutôt en jeu des traders indépendants qui émettent via l’internet. Qui peut faire du trading ?
Si traditionnellement, cette activité s’exerçait uniquement dans le local du marché boursier, le développement de l’Internet avec des coûts d’accessibilité de plus en plus réduits, constitue un véritable atout pour n’importe quel opérateur permettant d’exercer en tant que trader en ligne. Cependant, il faudra avant tout disposer d’une très bonne connexion internet et être permanemment connecté pour suivre instantanément l’évolution des valeurs des produits financiers afin d’en tirer des avantages.
En termes d’avantages, le trading permet aux traders de spéculer à court terme en profitant surtout de la mobilité des produits financiers échangés (actions, obligations,..) sur le marché. Cependant, cette activité est risquée notamment en raison de la volatilité du marché et surtout du degré élevé d’escroqueries qui s’explique entre autres par la multiplication en ligne des plateformes de trading avec des publicités mensongères mais très attractives à priori. Par exemple en Afrique, certaines structures comme GLOBAL INVESTMENT TRADIND, GLOBAL TRADE CORPORATION, HIGH LIFE et CHY MALL ont été sommées par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) à Abidjan de suspendre leurs activités lors de son communiqué du 18 Mars 20211. Ces structures étant spécialisées entre autres dans le trading de crypto monnaies, proposent des taux d’intérêts très attractifs mais hautement risqués mettant parfois le public en danger. Que doit faire à présent le public face aux risques liés au trading ?
Le rapport de Forex Brokers SA (South Africa), publié en Décembre 20192 indique que la SEC (Securities & Exchange Commissions) invitait les investisseurs lors de son communiqué publié en 2018, à faire preuve de discernement pour ne pas tomber sous le coup de l’escroquerie observée dans le trading en ligne qui est beaucoup plus en progression en Afrique actuellement.
En effet, les données présentées dans le rapport indiquent que cette activité est en pleine expansion en Afrique depuis 2019 notamment en Afrique du Sud et au Nigéria qui occupent les premiers rangs. On estime le nombre de traders à 1,3 millions en Afrique dont près de 190.000 et 200.000 pour l’Afrique du Sud et le Nigéria respectivement.
Pour finir, le trading est certes, en progression en Afrique, mais cette progression doit vraiment s’accompagner d’une éducation financière pour les débutants d’une part et d’une réglementation du système d’échange par les autorités d’autre part. Des centres de formations professionnelles se multiplient déjà en Afrique (par exemple, le Centre Béninois de Trading, CBT) sans oublier les grandes écoles de négoce qui intègrent le trading comme filière. Dans ces centres de formations, les investisseurs comme les traders pourraient ainsi acquérir des compétences et des outils d’analyse leur permettant d’avoir une rentabilité sur le marché financier tout en ayant la maîtrise des risques.
Lire la publication entière
L’économie de la République du Congo essentiellement basée sur ses recettes pétrolières, subit une crise des plus difficiles depuis la chute du cours du pétrole en 2014. Entre 2013 et 2017, le cours mondial du pétrole a diminué en moyenne tous les ans de 15,5%1, soit une baisse de 49% sur toute la période Cela a entraîné une baisse du rythme de croissance de l’activité économique, à -10% en 2016.
Figure 1: Cours du pétrole et taux de croissance du PIB (% annuel)
Source: CJEA, FMI, Banque Mondiale.
Avec l’existence d’une dette publique totale représentant 117,5% de son PIB en 2017, cette situation complexe a mené la République du Congo et le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) à un accord de prêt d’un montant de 448,6 millions de dollars, le 17 juillet 2019. Cet accord au titre d'une facilité élargie de crédit est un programme du FMI qui donne la priorité à des réformes structurelles et cible la gouvernance à des fins d'une meilleure diversification économique et une croissance inclusive. Il opère également pour un rééquilibrage budgétaire et un objectif de restructuration de la dette. Enfin, le programme vise un renforcement du capital humain au travers de la protection des populations vulnérables.
À l’issue du décaissement de la première tranche (44,9 millions de dollars), le communiqué de presse du FMI de janvier 2020 a posé le paysage économique congolais en relatant, une croissance globale révisée à la baisse à 2,2% en 2019, due à l’expansion moins forte que prévu de la production pétrolière. À partir de 2020, la production pétrolière poursuivrait ce déclin à mesure que les champs pétrolifères atteindront leur maturité2. Cependant, d’ici 20243, la croissance hors pétrole devrait augmenter en moyenne tous les ans de 14% mais cette tendance dépendra principalement des résultats de l’agriculture et du transport.
Figure 2: Croissance hors pétrole projetée (en %), 2021-2024
Source : CJEA, FMI.
La dette publique extérieure du pays a significativement augmenté depuis 2010. On note une accumulation importante d’arriérés commerciaux extérieurs, notamment envers les négociants4 du pétrole (18,1% du PIB). De surcroît, la dette publique intérieure a également augmenté passant de 15% du PIB en 2014 à 25,5% en septembre 2019. La Chine apporte l’essentiel du financement extérieur et la dette extérieure du Congo envers la Chine représentait en septembre 2019 : 2 213 millions de dollars, soit 20,4% du PIB de la République du Congo. Bien que les deux pays aient conclu un accord de restructuration de la dette congolaise (envers la Chine)5, la dette publique extérieure totale reste intenable. En effet, le ratio valeur actualisée de la dette publique extérieure rapportée au PIB se situe à 46% en 2021, soit au-dessus du seuil de viabilité de 30%.6
Les résultats à fin juin au terme des évaluations du programme par le FMI7 sont considérés comme mitigés. Les deux objectifs budgétaires quantitatifs ont été atteints. Il s’agit du plancher pour le solde primaire de base hors pétrole et du plafond pour le financement intérieur net de l’Etat. Les critères de réalisation fixant un plafond de zéro pour les financements non concessionnels, et les nouvelles dettes extérieures garanties par les recettes futures des ressources naturelles ont également été respectés. On note toutefois, une accumulation de nouveaux arriérés extérieurs d’environ 20 millions de dollars, par conséquent le non-respect du critère de réalisation continu des arriérés extérieurs. De plus, les trois objectifs indicatifs liés aux recettes non pétrolières, aux dépenses en faveur de la lutte contre la pauvreté, et aux décaissements de prêts extérieurs pour des projets d’investissement n’ont eux-aussi pas été atteints.
Finalement, le décaissement de la première tranche du programme de juillet 2019 fut le seul.
Aujourd’hui touchée par la pandémie de la Covid-19, la Caisse nationale de sécurité sociale a bénéficié d’un prêt du FMI de 200 milliards de FCFA pour assurer le règlement des pensions de retraites du secteur privé et parapublic. Rappelons que, les arriérés de paiement sur les retraites et les prestations sociales représentent 3,4% du PIB en 2019 (FMI).
Eu égard aux, arriérés de dettes, déficit structurel du budget, et évaluations du FMI concernant les dépenses sociales jugées insuffisantes et dans un contexte de pandémie mondiale, la République du Congo réussira-t-elle une gestion efficiente du dernier prêt du FMI au service de sa population ?
Lire la publication entière
Face à la récession mondiale due à la pandémie de la COVID-19, plusieurs pays du monde ont mis en place un plan de relance économique qui puisse juguler les effets de la crise et les mettre dans une situation proche de celle qui prévalait avant la pandémie. Les estimations du Fonds Monétaire International (FMI, 2021) montrent que le soutien budgétaire au niveau mondial s’élevait en 2020 à environ 14 milliards de dollars. Malgré les difficultés de financement, les pays africains ne sont pas en marge de ces plans en devenant ainsi « keynésiens ». La politique budgétaire expansionniste est utilisée pour soutenir la demande globale et pour atteindre les objectifs de développement. Selon les dernières prévisions du FMI publiées en janvier 2021, ces mesures de soutien supplémentaires dans ces pays, combinées à l’approbation récente de plusieurs vaccins ont permis de réviser les prévisions de la croissance économique mondiale pour l’année 2021 à la hausse de 0,3 point par rapport aux prévisions précédentes. Bien que selon Blanchard et al. (2010), la crise de 2008 a réaffirmé l’intérêt de la politique budgétaire comme un instrument contracyclique, les économies africaines devraient-elles s’attendre automatiquement à un retour de leurs économies à leur niveau d’avant la crise en augmentant les dépenses publiques ?
Théoriquement, plusieurs économistes ont expliqué la relation entre les dépenses publiques et la croissance en insistant sur ses composantes. Par exemple, Keynes (1936) considère les dépenses publiques comme un facteur exogène qui peut être utilisé comme instrument de politique pour favoriser la croissance économique. En ce sens, il considère qu’une augmentation de la consommation est susceptible de conduire à une hausse du niveau de l’emploi et de l’investissement privé par des effets multiplicateurs sur la demande globale. Wagner (1892) quant à lui a montré que l’élasticité des dépenses publiques par rapport au produit intérieur brut (PIB) est supérieure à l’unité. Selon la théorie du « Big Push » présentée par Paul Rosenstein-Rodan (1943), un programme d’investissement global peut être utile pour soutenir la croissance économique. La théorie de la croissance endogène soutient aussi que les politiques budgétaires peuvent être utilisées pour améliorer l’allocation efficace des ressources en corrigeant les défaillances du marché surtout en période de crise. Cependant, pour les économistes de l’école « classique », l’efficacité de la politique budgétaire n’est pas toujours garantie.
De façon empirique, de nombreuses études également ont été menées afin d’analyser la relation entre les dépenses publiques et la croissance. Dans la littérature existante, certaines études se concentrent sur un pays spécifique, tandis que d’autres sont appliquées à un ensemble de pays sous forme de panel. Ces études ont cherché à analyser le sens, la nature et la significativité de l’impact de l’une des variables sur l’autre.
En Afrique, Keho (2015) a étudié la causalité entre les dépenses publiques en pourcentage du PIB et le PIB réel par habitant sur un panel de neuf pays. Les résultats indiquent que la loi de Wagner est valable pour le Cameroun à moyen terme, pour le Ghana à court, moyen et long terme et pour le Nigéria à long terme. Le point de vue keynésien est soutenu pour le Gabon et le Sénégal à court, moyen et long terme et pour l’Afrique du Sud à moyen et à court termes. Pour le Sénégal, ce résultat va dans le même sens que celui de Nubukpo (2007) à long terme mais le contredit à court terme. Par conséquent, ces trois pays peuvent utiliser les dépenses publiques pour stimuler leur économie, comme le prétend le paradigme keynésien.
Dans l’UEMOA, Tenou (1999) montre qu’une politique budgétaire expansionniste réduit la croissance du PIB par habitant dans les pays de l’Union. De même, Nubukpo (2007) montre qu’en dehors du Sénégal et du Togo pour le long terme, les dépenses publiques totales n’exercent pas un effet positif sur la croissance des économies de l’UEMOA. Ce résultat corrobore celui de Ojo et Oshikoya (1995). Toutefois, Nubukpo (2007) conclut que les dépenses publiques peuvent favoriser la croissance des économies de l’UEMOA lorsqu’elles sont destinées aux investissements, mais sont également susceptibles de la freiner quand elles privilégient la consommation.
Tous ces résultats obtenus sont souvent contradictoires, variant d’un pays à l’autre et allant de la « causalité bidirectionnelle » à la « non-causalité » entre les deux variables. Toutes ces théories et résultats empiriques n’ont pas tranché unilatéralement sur le fait que les relances budgétaires seraient l'outil le plus efficace pour faire repartir l'économie à son niveau d’avant la crise. Mais il en ressort que la relance annoncée pourrait créer des richesses supplémentaires si l’accent est mis sur les investissements productifs. La théorie keynésienne, celle du « Big Push » et certains résultats empiriques obtenus sur quelques pays du continent africain restent optimistes sur le fait que les plans de relance budgétaire seraient les clefs pour favoriser le rebond de l'activité économique.
Lire la publication entière