Citez-moi un seul pays développé qui ne soit pas industrialisé ? Outre certains pays faiblement peuplés, vous ne trouverez point de pays développé qui ne soit pas un pays industrialisé. Cela prouve à quel point l’industrialisation est une condition sine qua non au développement économique durable.
Les dirigeants actuels des pays africains le savent. Ceux qui les ont précédés en avaient conscience. Malgré cela, 60 ans après les indépendances, il y a très peu de pays africains qui peuvent se targuer d’avoir mené une politique industrielle efficace au point de rivaliser avec les géants de ce monde. La question qui nous vient à l’esprit est simple. Pourquoi ces pays continuent de vivre principalement sur la vente de cacao, de coton, d’arachides qui rapportent bien moins que des smartphones, climatiseurs et autres ? Pourquoi se limiter à la vente de cacao en lieu et place d’une tablette de chocolat où la marge de bénéfice est plus élevée ?
Il faut d’abord rappeler que c’est au début du 19e siècle que l’activité économique des pays occidentaux changent fondamentalement. L’économie de l’Angleterre et de la France changent de nature en quelques décennies. Ces pays passent d’une économie agraire à une économie fondée sur la commercialisation de produits manufacturés. Les Etats-Unis ainsi que l’Allemagne suivront le pas, puis le Japon et la Russie au début du 20e siècle. Ces changements opérés il y a près de 200 ans, constituent une des forces majeures des économies des grands pays aujourd’hui développés.
En suivant l’exemple occidental, les dragons asiatiques ont adapté le modèle de révolution industrielle à leur réalité à partir des années 1950. Dès l’indépendance, certains pays africains comme le Ghana ou la Zambie décident également d’industrialiser leur économie. Mais c’est en observant le succès sud-coréen et les tentatives africaines que nous trouvons un début d’explication des échecs du continent africain en la matière.
Les pays africains, au lendemain des indépendances, ont voulu substituer les importations par la production manufacturière. Ils ont ainsi appliqué, dès 1960, des politiques s’appuyant sur le contrôle de change, les taxes à l’importation, des quotas et des subventions publiques. Ainsi, le Ghana entreprend de produire de l’acier et de l’aluminium par exemple. Le pays met en vigueur un code de l’investissement qui prévoit une promotion des entreprises locales. Ces politiques ont permis une hausse de la production manufacturière sans pour autant permettre l’accumulation des bénéfices escomptés. Constatant cet échec, les pays africains abandonnent l’idée d’un protectionnisme et embrassent le « tout libéral », conforté par les Politiques d’Ajustement Structurels du Fonds Monétaire International (FMI) et les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995. Et depuis les années 1980, les firmes occidentales se sont confortablement installées dans les pays africains de sorte que dans un pays comme la Côte d’Ivoire, les entreprises françaises représentent aujourd’hui 30% de l’économie[1].
En somme, ce virage stratégique brutal constitue le fondement de l’échec industriel des pays africains. Il résulte malheureusement d’une mauvaise application de la stratégie de substitution de produits étrangers manufacturés. Les pays africains ont ouvert leur marché sans attendre d’avoir constitué des conglomérats solides et prêts à l’exportation. Cette libéralisation précoce a entrainé une désindustrialisation massive des pays africains à partir des années 1980. Les entreprises locales ne peuvent se développer si le marché est déjà occupé par les entreprises de pays plus avancés. Aujourd’hui par exemple, comment un acteur local qui décide de se lancer dans la production de smartphone peut-il du jour au lendemain concurrencer aisément un géant comme Apple ?
L’économiste Friedrich List expliquait déjà au 19e siècle qu’il faut un protectionnisme éducateur avec pour objectif de protéger sur le moyen terme le marché national afin de permettre sur le long terme un libre-échange qui ne soit pas à sens unique. Ainsi, la réouverture complète au libre échange des pays africains ne doit se faire que lorsque ces pays atteignent une certaine maturité industrielle, et commencent à exporter leurs produits manufacturiers.
C’est ainsi qu’a fonctionné la Corée du Sud. A la fin des années 1960, le revenu par habitant était à peu près le même qu’au Ghana. Mais aujourd’hui, celui de la Corée du Sud est 14 fois plus important.
La Corée du Sud a procédé en 4 étapes. Tout comme les pays africains, elle a, d’abord, impulsé dans les années 1950 une substitution de la production étrangère par une production locale pour l’industrie légère. Puis, lors d’une deuxième étape, la Corée du Sud appuie sa stratégie sur la promotion des exportations des produits finis de l’industrie légère dès 1960. C’est ici toute la différence avec les Etats africains, lesquels n’avaient guère instauré une promotion des exportations comme l’expliquent les économistes Bigsten et Söderbom.
Puis, lors d’une troisième phase, pendant que l’industrie légère se développait, la Corée du Sud crée un partenariat solide avec des banques pour maîtriser le capital et financer sans limite des conglomérats nationaux tels que Hyundai, LG, Samsung. Ces firmes bénéficient des avantages financiers et fiscaux. C’est cette troisième étape de la stratégie que les pays africains ont aussi négligée : créer des champions qui doivent briller à l’international tout en maîtrisant l’outil bancaire et financier national.
Ce n’est qu’en 1984 que le gouvernement sud-coréen commence à supprimer les règlementations trop strictes et à libéraliser complètement l’économie. Pendant ce temps, des géants tels que Hyundai, Samsung, Daewoo commencent à s’imposer dans l’économie mondiale. Ces entreprises sont le fer de lance d’un pays qui s’est industrialisé.
C’est en embrassant une vision stratégique de long terme comme celle-ci que les pays africains pourront à terme passer de pays sous-développés à pays émergents. C’est le chemin que prends le Ghana depuis 2016 avec le programme « One district – One factory » (Un district – Une usine). Ce programme vise à créer une grande usine dans chaque district du pays pour atteindre un total de 232 usines à termes ; dont 70 seraient déjà effectifs selon le gouvernement ghanéen. L’industrie automobile est l’un des poumons du projet national. L’objectif, quoique ambitieux mais pas utopique, est d’inonder les routes de Bombay, Sao Paulo ou encore Paris de véhicules made in Ghana (ou plus exactement Kantanka, une marque automobile ghanéenne) dans les prochaines années. En bref, il s’agit tout simplement de conquérir les marchés internationaux. Pour soutenir le projet, le Ghana prévoit une augmentation de 20% à 35% des taxes sur les véhicules importés afin de protéger son industrie naissante.
C’est en adoptant cette vision d’industrialisation échelonnée (déclinée par étapes) avec à terme la transition vers les technologies de pointe que les pays africains pourront, eux aussi, connaître un vrai développement. Ce n’est pas en installant chaque année des industries étrangères qu’un pays accroît son industrie et sa richesse. Le PIB n’est pas le bon thermomètre car il englobe la production étrangère. Les pays africains doivent plutôt chercher à accroître leur Produit National Brut (PNB) en priorité, car les entreprises étrangères finissent toujours par transférer leurs revenus dans leurs pays d’origine. Selon un rapport de la Banque Africaine de Développement et du GFI, l’Afrique aurait transféré à l’étranger près de 1400 milliards de dollars entre 1980 et 2009, ce qui équivaut à un transfert annuel net de 47 milliards par an dans le cadre de flux illicites de capitaux.
En somme, c’est un changement de paradigme qui doit être opéré. Les pays africains ne doivent plus craindre de promouvoir des champions locaux capables de s’imposer à Londres, New-York ou Shangaï.
[1]Selon la Chambre de Commerce et d'Industrie Française en Côte d'Ivoire (CCIFCI), les entreprises françaises représentent un tiers du PIB du pays
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Une chose est observée lors d’une crise. Les conséquences. Une autre chose a tendance à être occultée. La crise n’est que la résultante d’une accumulation de vulnérabilités antérieures, parfois enfouies. Ceci dit, chaque crise survient avec des impacts, certes. Mais fort heureusement, ils ne sont pas uniquement négatifs. Il y a également des enseignements. Dès lors, la responsabilité incombe aux différents acteurs d’en tirer des leçons pour anticiper sur le futur.
C’est au crépuscule de la crise de covid-19 qu’affleure la crise en Ukraine, laquelle est assez révélatrice pour le marché continental de libre-échange africain en perspective.
Dans le sillage de la crise en Ukraine les analyses abondantes sur le décryptage des effets potentiels pour les économies africaines soulignent une dépendance aux céréales russes et ukrainiennes - 30 % du blé consommé en Afrique provient de la Russie. Parmi les pays les plus exposés, le Bénin importe la totalité de sa consommation de blé de la Russie, le Rwanda en importe 60% du même pays pendant qu’au Sénégal 60% du blé consommé provient de la Russie et de l’Ukraine, en Egypte environ 80% du blé est fournie par ces deux pays. Qui plus est, presqu’aucun pays en Afrique de l’Ouest ne produit d’engrais, lesquels sont indispensables pour l’agriculture domestique. Le Nigéria qui fait l’exception exporte l’essentielle de sa production hors du contient.
Ce double constat revivifie un débat persistant sur la nécessité de l’indépendance alimentaire directe et indirecte (via les engrais) des pays du contient vis-à-vis de l’occident et des autres régions du monde. Mais plus important, il donne, par ailleurs des indications importantes pour le marché de libre-échange africain en perspective. Eu égard à la faiblesse du commerce intra africain estimé à moins de 20% du commerce mondiale environ malgré le potentiel du marché africain (un milliard de consommateurs à l’horizon), le marché commun continental est perçu comme la solution pour renforcer le commerce africain.
A l’aune de l’actualité contemporaine de la crise en Ukraine, il serait, cependant, préjudiciable pour les économies africaines d’ouvrir un marché de cette taille avec une production piètre, sans un développement des chaînes de valeur régionale. Bien que la science économique ait suffisamment documenté les avantages du développement commercial, une chose ne doit pas nous échapper. En principe on échange, ex post, des biens fabriqués ex ante. Mais les pays d'Afrique font très peu de transformations et dépendent du reste du monde pour leur consommation.
Par exemple, en moyenne 81,8% des importations de la région sub-saharienne provenaient du reste du monde (hors Afrique). Environ 19,1% du total de ces importations sont en provenance de la Chine, 15% de la zone Euro. Les produits manufacturiers représentent en moyenne 65% de ces importations. Le graphique suivant fournit une décomposition de ses importations de 2010 à 2019.
Figure : Décomposition des importations (en %)
Source : Banque Mondiale/ CJEA
Si les pays africains maintiennent leur configuration actuelle d’importateurs nets de produits manufacturés, le marché continental risque de servir de débouché pour les produits manufacturés en provenance d’autres régions, notamment de l’Asie au détriment du Made in Africa. Il suffit d’un dumping des produits de qualité inférieur à bas coûts en provenance de l’extérieur pour saper l’industrialisation du continent et compromettre définitivement la compétitivité des produits locaux qui pâtissent déjà de mauvaises conditions en termes d’infrastructures énergétique et routière.
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Les pays émergents terminent l’année 2021 avec une détérioration de la balance perspectives/risques. La notion large[1] de pays émergents inclut généralement des pays en développement (PED) d'un genre particulier : leurs performances macroéconomiques les placent comme nouvelles locomotives de la croissance mondiale. La réponse politique d'urgence à la pandémie des économies émergentes a limité l'ampleur de la récession de 2020, et a soutenu le rebond économique en 2021. Si le déroulé de la crise diffère entre les plus émergents et les moins avancés, il ne permet plus de penser ces zones séparément. Alors, où la dynamique actuelle mène-t-elle les économies émergentes ? Après une brève présentation des performances économiques de 2020 et 2021, cette note exposera les perspectives globales de ces économies à l'horizon 2022-2023.
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[1] Dans le cadre de cette note, les appellations similaires ont le même sens: économies émergentes, marchés émergents et économies en développement etc..
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Par définition, l’inflation est une hausse généralisée, durable et cumulative du niveau des prix. Elle est indésirable car elle pèse principalement sur les dépenses des ménages, réduisant leur pouvoir d'achat. Les plus pauvres sont durement touchés. Lorsqu’elle est persistante, l’inflation accroît les inégalités et freine la croissance de la production.
Une inflation partie du monde Occidental
Après le ralentissement de l’activité économique observé en 2020, les taux d’inflations ont entamé une hausse exponentielle depuis le dernier trimestre de 2020, atteignant des niveaux record aux Etats-Unis (7%), dans la zone Euro (5%) et dans l’Union Européenne (5.3%) en 2022. L’inflation des denrées alimentaires en Afrique est évaluée à 10.9% en Août 2021 (FMI REO Octobre 2021). Cette hausse reflétait entre autre l’inflation globale (notamment dans les pays premiers partenaires commerciaux), la hausse des prix du pétrole, les phénomènes climatiques (sècheresse) dans la région, les restrictions à l’exportation des importants partenaires commerciaux (ex. la Chine).
L’inflation actuelle est d'autant plus inquiétante qu'elle intervient dans un climat d’économies déjà fragilisées par la crise de COVID, de niveau d'endettement élevé, avec d’importants déficits budgétaires (factures des réponses des pays à la crise sanitaro-économique) notamment dans les pays en développement, comme ceux de l’Afrique Sub-Saharienne. De plus, elle affecte la composante sous-jacente ou encore l’inflation de base (inflation des biens et services, énergie et l'alimentaire exclus).
La hausse des prix des produits de base (notamment le pétrole) pèse sur la croissance économique, notamment dans les pays importateurs nets (comme les pays d'Afrique sub-saharienne). Au cours de la période 2010-2020, les importations en Afrique Sub-Saharienne ont couvert en moyenne 27.04 % du PIB. Ces importations concernent essentiellement les produits manufacturiers (67.62 %), les produits pétroliers (13%) et les produits alimentaires (13%).
Figure 1 : Part des importations destinées aux produits alimentaire, aux matières premières agricoles, aux produits pétroliers et aux produits manufacturiers. (en %)
Source : Banque Mondiale
En moyenne 81.8% des importations de la région sub-saharienne provenaient du reste du monde (hors Afrique). Environ 19.1% du total de ces importations étaient en provenance de la Chine, 15% en provenance de la zone Euro. Cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur expose la région à des effets de contagion (transfert de l’inflation ou inflation importée) plus ou moins importants. Elle est accentuée par d’autres facteurs macroéconomiques domestiques, notamment les dérèglements climatiques qui pénalisent la production domestique.
Dans un tel environnement macroéconomique morose, le conflit Ukraine-Russe rend l’avenir encore plus incertain. On assiste ainsi depuis le début du conflit en Europe orientale à une seconde vague flambée des prix portée essentiellement par la hausse des prix du gaz et du pétrole mais également des produits alimentaires notamment le blé (figure 2). En effet, l’Ukraine et la Fédération de Russie constituent des partenaires importants dans le secteur du gaz, du pétrole, du blé. La Fédération de Russie figure parmi les principaux producteurs et exportateurs de pétrole, ainsi que de plusieurs métaux industriels. De même, elle abrite d’importantes réserves de gaz, de charbon. L’Ukraine et la Fédération de Russie couvrent environ 30% des exportations mondiales. Environ 1.15% des importations globales de la région sub-saharienne proviennent de ces deux pays. Même si moins de 2% des importations de la région sub-saharienne proviennent de l’Ukraine et de la Fédération de Russie, la crise et l’inflation qu’elle induit augmentent les pressions domestiques et le risque de défaut souverain.
Figure 2. Indice des prix
Source : Données de la Banque mondiale sur les prix des produits de base (dernière mise à jour 02 Mars 2022)
De plus, les diverses sanctions et restrictions appliquées à la Fédération de Russie affectent le pays mais également le reste du monde. Ainsi, la hausse du prix pétrole induite par la guerre représente un majeur choc d’offre qui vient s’ajouter aux pressions inflationnistes déjà existante. La hausse des prix des denrées alimentaires soulève de véritables inquiétudes quant à l’insécurité et la pénurie alimentaire dans les pays en voie de développement notamment ceux de l’Afrique Sub-Saharienne. Plusieurs pays de l’Afrique Sub-saharienne dépendent essentiellement de la Fédération de Russie en termes d’importation des produits agro-alimentaires. D’après un récent rapport de Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), entre 2018 et 2020, l’Afrique a importé environ $5.1 milliards en blé de la Fédération de Russie ($3.7 milliards) et de l’Ukraine ($1.4 milliards). Cela représente au total 44% des importations en blé de l’Afrique (CNUCED 2022). Cette guerre et les restrictions à l’exportation de la Fédération de Russie constituent ainsi un facteur de risque pour les économies africaines. Douze pays (12) pays de l’Afrique Sub-Saharienne dépendent à plus de 50% de l’Ukraine et la Fédération de Russie pour le blé : Burundi, Uganda, Gambie, Burkina Faso, Congo, Madagascar, Rwanda, Tanzanie, Sénégal, le Congo, Soudan, et le Bénin. Le Bénin importe exclusivement toute sa consommation de blé de la Fédération de Russie.
De même, l’Union Européenne, l’un des principaux partenaires commerciaux de la région est frappée de plein fouet (dû à sa dépendance en gaz, pétrole).
De plus, si cette hausse s’accompagne d’une nouvelle augmentation des coûts des engrais et des autres produits agricoles, cela aurait un effet négatif sur la prochaine campagne agricole en Afrique, accentuant les pressions inflationnistes, ainsi que les risques humanitaires. Une nouvelle hausse des coûts des intrants est un facteur de risque important en Afrique, car les prix de l'urée et du phosphate - deux composants majeurs des engrais - ont déjà augmenté de 30 % et de 4 %, respectivement, fin 2021. En outre, les possibilités de remplacer les importations en provenance de la Fédération de Russie et de l'Ukraine par le commerce intra-africain sont limitées, car l'offre régionale de blé est relativement faible.
Une sanction sur le pétrole russe, viendrait exacerber la hausse du prix du pétrole.
La guerre Ukraine-Russe vient également accentuer le dysfonctionnement de la chaîne d’approvisionnement (dysfonctionnement induit par la crise du COVID-19), affectant ainsi l’offre globale. Les restrictions liées à l’espace aérien des deux pays (l'espace aérien russe est fermé à 36 pays et vice versa) pourraient entraîner non seulement une hausse des frais de transports mais aussi une augmentation des délais d’expédition. En effet, les deux pays occupent une position clé pour le « pont terrestre eurasien » encore appelé la « Nouvelle route de la soie ».
Enfin, la hausse des taux d’intérêt, entrepris par la FED, en réponse à l’inflation représente une source majeure de risque pour les pays de l’Afrique, notamment ceux ayant un niveau de dette élevé. En effet, une contraction de la politique monétaire américaine entraîne une hausse de la prime de risque principalement pour les pays en voie de développement. Cela induit une hausse du service de la dette, ainsi que celle des taux des obligations, réduisant ainsi l’accès au financement.
Il est primordial de relever la source de l'inflation domestique afin d'adopter les mesures adéquates. Dans le cas actuel (économie déjà fragilisée par la crise de la COVID, niveau d'endettement élevé, avec large déficit fiscal), les gouvernements font face à des arbitrages difficiles. Traditionnellement, en réponse à la hausse de l’inflation, les banques centrales augmentent les taux d'intérêt afin de réduire la demande domestique. La hausse des taux d’intérêt permettrait à plusieurs pays de réduire les pressions inflationnistes domestiques, limiter/empêcher la dépréciation de la devise nationale. Toutefois, elle aura aussi pour effet l’amenuisement de la croissance économique.
Il est important de rappeler que la hausse du niveau d’inflation dégrade le pouvoir d’achat des ménages, surtout celui des plus pauvres.
En premier lieu, les gouvernements devraient alors augmenter les subventions pour atténuer l'impact des prix élevés des produits de base ; fournir un soutien aux entreprises afin de limiter l'augmentation des coûts de production. Ils devraient temporairement réduire les taxes (TVA) sur ces produits de base.
Cette hausse de l'inflation souligne la nécessité de réformes structurelles dans les pays africains :
1) augmenter la productivité intérieure afin d'accroître l’offre de biens nationaux, et une diversification de la dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole.
2) améliorer les investissements en infrastructures de transport et les capacités de stockage afin de promouvoir la production domestique et le commerce intrarégional.
En bref
L’importation est le canal de transmission de l’inflation de l’Europe, des USA vers l’Afrique. En conséquence, une politique agricole endogène compatible avec une politique alimentaire africaine est nécessaire pour réduire les importations et s’autoalimenter dans le futur. Le contexte actuel, une fois encore, met en exergue le poids de la dépendance énergétique, industrielle et alimentaire des pays de l’Afrique Sub-saharienne.
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La politique fiscale est un instrument essentiel au service de l’Etat pour mobiliser les ressources nécessaires pouvant lui permettre de faire face à ses engagements en tant que garant du bien-être social.
Au Bénin, une nouvelle réforme fiscale a été adoptée par les députés à travers la loi n°2021-15 du 23 Décembre 2021 portant Code Général des Impôts (CGI 2022). Le nouveau code vient ainsi remplacer les anciens textes dont plusieurs datent de la période d’indépendance[1]. Entré en vigueur le 1er janvier 2022, le nouveau code définit l’ère d’une nouvelle fiscalité au Bénin. Il vise l’amélioration de la mobilisation des recettes fiscales, un meilleur accompagnement de l’environnement économique et la promotion d’un climat des affaires propice au développement.
Cette analyse répertorie les modifications du nouveau code des impôts relativement à l’ancien code. Il s’agit d’une analyse purement descriptive et comparative du nouveau code et de l’ancien.
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[1] ex. loi n° 64-35 du 31 décembre 1964 portant codification des droits, impôts et taxes fiscales d’enregistrement, de timbre, de publicité foncière et hypothécaire et sur les revenus des capitaux mobiliers (J.O.R.D. du 31 mars 1965) et l’Ordonnance n°2-PR/MFAE du 10 janvier 1966 portant codification des impôts directs et indirects.
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Commençons avec une pensée de l’avocat Fidel Castro (1926). Mais soyons rassurés, je ne veux en aucun cas me faire le chantre d’un homme politique ni de la révolution Cubaine. Loin de là, je veux simplement lancer un appel du cœur à la jeunesse africaine.
Alors qu’il plaidait à son procès au tribunal d’urgence de Santiago le 16 octobre 1953, Fidel Castro, dans un long discours où il laisse transparaître les grands axes de son programme politique, dit ceci :
A lui, ce peuple dont les routes pleines d’angoisses sont pavées de tromperies et de fausses promesses, nous n’allions pas dire : «Nous te donnerons un jour», mais : «Tiens, prends, et lutte de toutes tes forces pour conquérir la liberté et le bonheur !»
Plus tôt, l’homme à la fois l’accusé et son propre défenseur (avocat) venait de dresser une liste des maux dont souffrait le peuple cubain d’alors : chômage endémique, corruption, misère, cadre et condition indécentes de travail et de vie, etc. Vu sous cet angle le Cuba d’alors serait assimilable à l’Afrique d’aujourd’hui. En 2015, la Banque africaine de développement a estimé que la corruption fait perdre l’équivalent de 148 milliards de dollars à l’Afrique chaque année. A titre comparatif, lors du sommet de Paris (mai 2021), seulement 34 milliards de dollars des droits de tirages spéciaux du FMI ont été affectés à l’Afrique pour la gestion de la crise du coronavirus. Mais n’exagérons rien. L’Afrique, dans les chiffres, a aussi fait des progrès. La croissance économique y est soutenue et s’établit en moyenne à 4% - 6% depuis plusieurs années (avant covid-19). Cependant, ayons l’honnêteté de reconnaître les importants efforts qu’il reste à fournir.
A l’époque, Fidel Castro appelait le peuple cubain à la responsabilisation, si, ce dernier aspirait vraiment à un lendemain meilleur. Aujourd’hui, c’est ce même appel à la responsabilité que je veux lancer à la jeunesse africaine, dont je fais partie intégrante. Bien que ce soit une honte de vouloir me hisser au rang de cet homme de droit, je m’en voudrais tout de même de ne pas exprimer clairement ma pensée. La jeunesse africaine doit, elle aussi, aujourd’hui prendre ses responsabilités. Toutefois, les contextes sont différents, et bien heureusement. Il ne s’agit pas pour la jeunesse africaine d’organiser, au prix de son sang, une «guérilla», mais de se prémunir contre une forme gravissime et mortifère d’impéritie dont la conséquence sera des nations aux rues jonchées de «kakistocrates».
A ce stade, d’aucuns, sans hésitation évoqueront le combat des panafricains et iront jusqu’à leur confier le destin de l’Afrique. Ils ont raison. En effet, Kwame Nkrumah, Sylvanus Olympio, Ahmed Sékou Touré, Jomo Kenyatta, par leur militantisme indépendantiste, ont posé une base pour une Afrique prospère. C’est après cette vague que s’installe toute la désillusion. Soixante-et-un (61) ans après l’accession à l’indépendance du pouvoir colonial, on s’interroge encore sur le destin de l’historique discours panafricaniste «L'Afrique doit s'unir. Unis nous résistons», prononcé par le docteur Asagyesfo Kwame Nkrumah au sommet de l’ancienne Organisation de l'Unité Africaine (OUA) à Addis-Abeba, le 24 Mai 1963. En tout cas, il y a une certitude. L’Afrique ne dispose pas d’une monnaie unique commune. Le marché commun africain n’est pas totalement effectif, encore faudrait-il une cohésion au niveau des marchés sous régionaux existants. Il n’existe pas non plus de système continental de télécommunication ni de défense. L’Afrique n’a pas une stratégie diplomatique commune à l’étranger. Peut-être que certains ont eu raison de penser que le «Nkrumahism» et ses ambitions n’étaient qu’une utopie et n’avaient que pour seul but le culte de la personnalité de Nkrumah.
Une chose est sûr, ce n’est ni le moment ni l’endroit pour refaire l’histoire. D’ailleurs, ce n’est pas la meilleure stratégie pour sortir les 250 millions d’africains sous-alimentés de la famine. L'Afrique est la deuxième région du monde qui concentre le plus grand nombre de personnes sous-alimentées, après l’Asie (381 millions). L'Amérique latine et les Caraïbes clôturent le classement (48 millions). Mais en pourcentage, l'Afrique est de loin la région la plus impactée par le fléau de la famine. Dix-neuf virgule un pour cent (19,1 %) de sa population est sous-alimentée. Ce taux est plus de deux fois supérieur à ceux de l'Asie (8,3 %) et de l'Amérique latine et des Caraïbes (7,4 %). Si la tendance actuelle se poursuit, en 2030, l'Afrique abritera plus de la moitié des personnes qui souffrent de manière chronique de la faim dans le monde.
Les mouvements panafricains qui ont succédé à ceux ayant conduit aux indépendances n’ont pas suffi à créer de nouveaux changements majeurs sur le continent. Faut-il remettre en cause le patriotisme de la nouvelle classe des panafricains ? Est-ce plutôt une question de volonté ou de biais à l’inaction ?
Là également il y a une certitude. La facilité à indexer rapidement le joug du néo-colonialisme. Et nous, les jeunes gens, ne nous empressons pas d’entériner cette idée. Tout se passe au-dessus de nos têtes.
Dans les lignes suivantes, je ne ferai pas l’éloge des nombreuses solutions de développement « top down » qui font florès et pourtant, distraient et détournent les jeunes africains, par leur caractère « superficiel ». Au contraire, je défends une approche « bottom-up » du développement socio-économique qui responsabilise et intègre pleinement les jeunes africains. Mais avant, un éclaircissement que je n’ai trouvé dans aucun ouvrage à ce jour me paraît nécessaire.
Un développement socio-économique par les politiciens africains est une fausse bonne nouvelle.
C’est une grande erreur des africains de penser que leurs dirigeants sont élus pour le développement économique.
Dans le système privé, les actionnaires élisent un directeur général pour une durée déterminée avec un contrat défini. Ils lui assignent des objectifs précis, ce dernier s’engage à honorer les engagements du contrat et a l’obligation de résultats. Le directeur général forme une équipe constituée de directeur des ressources humaines, directeur administratif et financier, directeur commercial, etc. Rappelons que le conseil d’administration (les actionnaires) a son mot à dire dans les désignations des autres directeurs.
Soit, les objectifs sont atteints et le système ainsi formé continue son mandat. Soit, dans le cas contraire les actionnaires demandent la démission du directeur général. Ce dernier peut, un tant soit peu contester, se justifier et dans le meilleur des cas aboutir à une solution consensuelle avec un plan d’action clair et réaliste pour corriger son tir. Il ne peut en aucun cas s’imposer. Dans tous les cas, la décision finale ne lui revient pas.
Revenons au système public. Le peuple représente les actionnaires. Le président de la république représente le directeur général, la constitution le contrat qui lie les deux parties. Le gouvernement représente l’équipe et les autres directeurs sont les ministres. Contrairement au système privé, le président de la république une fois élu ne craint plus la sanction du peuple et peut même modifier les clauses du contrat initial. En effet, le peuple sanctionne par le vote. Mais la population africaine ne vote pas sur la base de résultats, le président se contente simplement d’acheter leur voix. Cela veut dire que le système n’incite pas suffisamment le président de la république à avoir de bons résultats. Au contraire, il l’incite à s’enrichir conséquemment (et par tous les moyens possible) pour acheter les voix de la population au prochain vote. Nul besoin de rappeler ici que le président de la république choisit ses ministres sans prendre l’avis direct du peuple ni de ses représentants (le parlement ou tout autre instance de représentation).
Donc, pour parler de développement, il faut croire à l’esprit patriotique du gouvernant. Autrement dit, il faut miser sur sa bonne foi. Mais comment mesure-t-on cette bonne foi ?
Cet éclaircissement fait, j’espère que désormais la jeunesse africaine intègre que le développement dont elle rêve viendra d’elle-même, de sa lutte et de son travail, c’est-à-dire une approche «bottom-up».
Du rêve du développement en Afrique, parlons-en...
L’Afrique se construira autour du rêve africain, c’est évident. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, la jeunesse africaine n’a pas encore défini son propre rêve. La bonne nouvelle, ce n’est pas encore trop tard. Le drame serait de ne pas agir dès maintenant. Ne me dites surtout pas que «L’avenir du monde, c’est en Afrique.», «La force de l’Afrique, c’est sa jeunesse.», ou encore «L’Afrique regorge de toutes les matières premières.» sont des rêves. Ne nous y méprenons pas. A chaque fois, il faut trouver un slogan pour les africains. C’est ça le développement! Et croyez-moi, après le discours sur la croissance démographique en Afrique, il y en aura encore d’autres. Les africains doivent-ils se contenter d’un simple nouveau discours à chaque décennie ? Qu’il nous souvienne, nos pays ne sont toujours pas industrialisés, nous ne disposons pas de centre de recherche et de laboratoires d’envergure pour notre propriété intellectuelle, etc. L’Afrique compte seulement 35 chercheurs par millions d’habitants et aucun pays africains ne parvient à affecter 1 % de son PIB à la recherche. Les discours changent, mais il y a bien une chose qui, malheureusement, ne change guère : notre misère.
La jeunesse africaine doit se prémunir contre une impéritie grave. Sinon, elle perpétuerait une mauvaise tradition.
A lui, ce jeune peuple dont les routes pleines d’angoisses sont pavées de tromperies, de fausses promesses et de misère, nous n’allons pas dire : «Attends, tu auras un jour», mais : «Lève-toi, crée ton rêve, prends tes responsabilités, travaille, et lutte de toutes tes forces pour conquérir la liberté et le bonheur!»
Le programme est à la fois, vague, vaste et complexe. Mais je n’ai jamais promis la facilité non plus.
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Le marché des titres publics par adjudication de l’UMOA est un marché sur lequel les huit (08) Etats membres de cette zone émettent des titres de créance pour mobiliser des ressources financières destinées à financer leur budget.
Dans cette étude, nous passons en revue l’évolution des taux de rendement sur ce marché de 2018 au premier semestre 2021 (S1 2021).
Evolution de la moyenne des Taux Moyens Pondérés (TMP*) dans l’UMOA |
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Année Maturité |
2018 |
2019 |
2020 |
S1 2021 |
6 mois |
6,12% |
5,50% |
4,32% |
3,04% |
1 an |
6,20% |
5,31% |
4,69% |
4,16% |
3 ans |
7,57% |
6,45% |
6,22% |
5,61% |
5 ans |
7,30% |
6,77% |
6,34% |
5,93% |
7 ans |
6,25% |
6,35% |
6,48% |
6,12% |
10 ans |
- |
- |
6,50% |
6,23% |
Evolution de la moyenne des Taux de Couverture (TC**) dans l’UMOA |
||||
Année Maturité |
2018 |
2019 |
2020 |
S1 2021 |
6 mois |
120,04% |
136,50% |
168,63% |
157,44% |
1 an |
123,96% |
225,64% |
180,13% |
210,85% |
3 ans |
83,80% |
179,12% |
140,64% |
133,13% |
5 ans |
36,74% |
165,43% |
111,43% |
131,20% |
7 ans |
93,00% |
79,06% |
116,27% |
142,73% |
10 ans |
- |
- |
28,00% |
111,21% |
Evolution du nombre d'émissions dans l’UMOA |
||||
Année Maturité |
2018 |
2019 |
2020 |
S1 2021 |
6 mois |
10 |
9 |
14 |
16 |
1 an |
45 |
37 |
35 |
13 |
3 ans |
42 |
37 |
62 |
28 |
5 ans |
16 |
23 |
47 |
25 |
7 ans |
1 |
5 |
20 |
18 |
10 ans |
- |
- |
3 |
5 |
Total |
114 |
111 |
181 |
105 |
Sources : compilation à partir des résultats des adjudications
*Taux Moyen Pondéré (TMP): correspond au taux de rentabilité actuariel obtenu en gardant l’obligation jusqu’à l’échéance.
où est le taux d'intérêt de la soumission; la valeur totale des soumissions et le nombre total des soumissions.
**Taux de couverture (TC) : taux de couverture du montant mis en adjudication par les soumissions.
Nous assistons depuis 2020 à une révolution et à une normalisation du marché des titres publics par adjudication de l’UMOA. En effet, ce marché enregistre depuis 2019 une baisse continue des taux de rendement qui s’accentue de plus en plus ces derniers mois, avec à la clé des taux de rendement les plus bas de l’histoire du marché.
Sur la maturité 1 an, la moyenne des taux de rendement moyens pondérés de l’UEMOA est passée par exemple de 6,20% en 2018 à 4,16% au premier semestre 2021. Pour la maturité de 5 ans et sur la même période le rendement est passé de 7,30% à 5,93%.
Si sur la maturité de 7 ans, le rendement est allé crescendo entre 2018 et 2020, cela pourrait s’expliquer par le fait que cette maturité est restée jusqu’en 2020 la maturité la plus longue. Mais en 2021 le rendement sur la maturité de 7 ans a chuté passant de 6,48% en 2020 à 6,12% au S1 2021.
Par ailleurs, les émissions de maturité plus longues sont plus régulières et les rendements des titres même étant en chute, évoluent désormais en fonction de leur maturité.
Alors que les maturités plus longues disponibles sur le marché en 2019 étaient celles de 5 ans (les titres de 7 ans étant rares : 05 émissions au total), depuis 2020 les émissions de maturité 7 ans se sont multipliées pour s’étendre à 7 des 8 pays membres de l’UMOA. De plus, les titres de 10 ans sont désormais émis depuis 2020 (3 émissions) et deviennent plus réguliers au S1 2021.
De même, alors que les émissions de maturité inférieure étaient souvent plus rémunérées plus que celles de maturité supérieure, depuis 2020, cette tendance se normalise. Ainsi en 2020 et au S1 2021, les rendements sont fonction croissante des maturités.
Si cette tendance de fléchissement continu des taux sur le marché peut s’expliquer par la forte demande des titres, comme en témoignent les taux de couverture des soumissions, l’amélioration des taux de couverture même pour les maturités de plus longues serait soutenue par certains facteurs.
La baisse des taux sur le marché est un avantage pour les Etats émetteurs qui demandent à mobiliser des ressources plus longues à des coûts compétitifs. Les Etats avec l’aide de l’Agence UMOA Titres travaillent donc pour cette fin. En effet, les Etats de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Bénin sollicitent déjà depuis quelques années le marché international de la dette sur des maturités très longues (plus de 20 ans) à des taux d’intérêts plus faibles que ce qu’offre le marché régional, et avec des volumes plus importants.
Ce recours au marché international ne favorise pas la promotion du marché régional, en ce sens que la mobilisation de volume de dette important à l’international limite le recours à d’autres emprunts pour le respect du taux d’endettement. Le repli des taux sur notre marché et la possibilité plus accrue de mobiliser des ressources longues avec des volumes importants favoriseraient le développement du marché régional.
Certaines mesures prises par la BCEAO depuis 2020 contribuent aussi à la baisse des taux. Avec l’avènement de la Covid 19, le besoin de financement des Etats s’est accru pour faire face aux conséquences de la pandémie. Ainsi, des instruments comme les Bons Covid 19 et les Bons et Obligations de relances ont été structurés, avec la volonté de la BCEAO d’appuyer les Etats à mobiliser des ressources à faible coût. Ainsi un guichet spécial de refinancement à 3 mois a été mise en place pour permettre aux banques de refinancer les Bons. Soulignons que les banques de l’UEMOA interviennent sur le marché pour leur propre compte et financent à plus de 90% les émissions sur le marché. Un autre guichet spécial de refinancement dénommé « guichet de relance » pour les Obligations de relance a été mise en place, pour le refinancement des Obligations pour une durée minimum de 6 mois.
Ce repli continu des taux sur le marché des titres peut avoir comme conséquence le retrait des investisseurs particuliers ou des personnes morales autres que les banques. Ces investisseurs sont, en effet, à l’affût de meilleurs rendements et privilégient des émissions de courte maturité. Cependant, la réduction subséquente des taux d’intérêt des produits d’épargnes classiques pourrait freiner le retrait de ces investisseurs.
Dans tous les cas, les investissements des particuliers sur le marché des titres publics demeurent faibles.
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Les places africaines peinent à accompagner le développement du continent. Cette situation est due à plusieurs facteurs notamment le timide intérêt du secteur privé, l’absence de privatisations, la concurrence des grandes bourses mondiales.
Pourtant, la quasi-totalité des politiques économiques adoptées par les pays émergents ou en développement pour accélérer leur croissance privilégie l’amélioration de la mobilisation des ressources à long terme, que l’on trouve généralement sur les marchés de capitaux.
En fin 2019, le continent africain comptait 32 Bourses, avec environ 2 000 sociétés cotées, contre 5 899 en Chine, pour une capitalisation boursière de 1 400 milliards de dollars, soit 60 % du PIB du continent, contre 82,89 % pour la Chine. Outre ces données, des différences profondes existent entre les places. Les transactions quotidiennes à la première Bourse du continent, Johannesburg – dont la capitalisation dépasse 1 000 milliards de dollars –, atteignent 13,8 milliards de dollars, soit à peu près autant que la capitalisation totale de la Bourse de Maurice, à Port-Louis (14,9 milliards). Tous ces indicateurs reflètent bien l’insuffisante contribution des places africaines au développement du continent en raison de leur faible utilisation. De plus, malgré les multiples avantages de l’introduction en Bourse (plus-value de cession, arrêt des subventions, amélioration des recettes fiscales, actionnariat populaire, etc), elle n’est pas privilégiée par les entreprises privées du continent lorsqu’elles cherchent à lever des capitaux à long terme, à l’exception de quelques rares grandes entreprises du secteur financier ou des télécommunications (Ecobank, MTN, BMCE Bank of Africa, Vodacom, Safaricom…).
Par ailleurs, on entend aussi dire que les Bourses du continent ne sont ni liquides ni profondes. Elles n’attireraient donc pas les entreprises africaines, qui leur préféreraient Londres ou New York. Mais la liquidité et la profondeur d’un marché de capitaux ne se décrètent pas. Elles se créent à l’intérieur d’un cercle vertueux : admission de nouvelles sociétés à la cote, information financière et éducation des investisseurs, liquidité, attraction de nouveaux investisseurs, profondeur du marché, admission de nouvelles sociétés à la cote. L’Afrique, forte de son potentiel d’investisseurs personnes morales et du développement de sa classe moyenne, nouvelle catégorie d’investisseurs personnes physiques, qu’il faudrait informer et éduquer financièrement, peut réussir à mettre en place ce mécanisme. Le développement du continent passe donc par l’intégration de ses systèmes bancaires et marchés de capitaux et la mobilisation des ressources à long terme, nécessaires pour le financement des infrastructures et de l’industrialisation.
Source : Jeune Afrique, 2019
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Dans toutes les économies, la production peut être divisée en deux : ce qui est vendu sur le marché et ce qui est affecté par l'Etat. La partie de la production qui est vendue sur le marché est désignée comme la production marchande et celle qui est l'objet d'une affectation d'Etat, représente la production non marchande. Le secteur non marchand intègre les services publics (administrations publiques) qui sont évalués sur la base de leur coût soit, essentiellement, les salaires versés. L'économie marchande, quant à elle, intègre les biens et services marchands. La distinction secteur marchand et secteur non marchand conduit donc à dissocier le PIB marchand du PIB non marchand.
Au Bénin, le secteur non marchand croit beaucoup plus vite que le secteur marchand. Dit autrement, la valeur ajoutée non-marchande évolue à un rythme supérieur à celui de la valeur ajoutée marchande. (Figure 1)
Figure 1: Evolution du PIB marchand vs PIB non marchand au Bénin. Année 2008 = 100. Données BCEAO
Il existe également une autre façon de voir le phénomène mis en relief. De 2000 à 2005, le poids de l’Etat rapporté au secteur privé a baissé. Depuis 2005, la croissance de l’économie béninoise est portée par la croissance du secteur public (figure2). Sans discuter l'efficience des dépenses publiques, il convient de rappeler que les ressources financières du secteur non marchand proviennent directement (via les taxes) ou indirectement (via la dette qui n’est que des futurs taxes) du secteur marchand. Donc, si le secteur non marchand croit plus vite que le secteur marchand, il y a faillite à l’horizon.
Figure 2 : Ratio du PIB non marchand vs PIB marchand au Bénin. Année 2008 = 100. Données BCEAO
Cette dérive du Bénin vers un mode de production non marchand pose des problèmes de financement et augmente l’encours de la dette publique. En effet, au Bénin, la croissance structurelle (croissance du PIB par habitant) évolue quasiment de la même façon que l’encours de la dette publique (figure 3). Ce qui conduit à la remarque suivante : dans le cas du Bénin, il ne faut pas confondre croissance du PIB et croissance de la valeur ajoutée marchande.
Figure 3: Evolution de l’encours de la dette publique vs croissance du pib par tête au Bénin. Données BCEAO, Banque mondiale
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La spéculation boursière est une pratique qui consiste à réaliser une série d’achats et de ventes de valeurs ou titres financiers dans le but de réaliser rapidement des plus-values. Spéculer revient donc à parier sur la hausse ou la baisse de valeurs ou titres sans avoir à les acheter concrètement.
Un célèbre dicton ne dit-il pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Dans cette optique, de célèbres fonds d’investissement américains ayant constaté que la société de jeux vidéo GameStop cotée à la bourse de New-York était en crise, ils ont tenté de gagner de l’argent en pariant contre celle-ci. Ils ont décidé de faire ce qu’on appelle du « short selling » en empruntant massivement des actions qu’ils ne possédaient pas dans un premier temps ; les vendre au prix fort dans un deuxième temps ; puis attendre que le cours baisse pour les racheter dans un dernier temps au rabais et les rendre aux entités auxquelles ils avaient emprunté. Leur position a été confortée mi-janvier par les analystes de Wall Street qui estimaient par leurs modèles que le prix de l’action GameStop connaitra une baisse.
Mais c’est sans compter sur une communauté de traders amateurs rassemblés sur un forum dénommé WallStreetBets qui ont déjoué tous les modèles en estimant qu’il était possible de s’enrichir en pariant plutôt sur une hausse du cours de l’action de GameStop. Ils avaient aussi trouvé l’occasion de piéger les grands acteurs institutionnels de Wall Street en se coordonnant pour acheter massivement des actions de l’entreprise GameStop et faire augmenter la valeur de celle-ci. Succès total !
Les cours de l’action de la société GameStop sont devenus très volatiles. Les cours ont connu une augmentation de 168% entre le 19 février et le 25 février 2021. Les cours ont ensuite continué à augmenter atteignant 264,48 $ le 12 mars 2021. Conséquence, pendant que les fonds d’investissement ont perdu des millions de dollars, les traders amateurs en ont gagné mettant à mal le système. Le hedge fund Melvin Capital, un important fonds d’investissement américain,
a été l’un des plus grand perdant puisqu’il avait parié sur une baisse du cours de GameStop. Il a été contraint d’accepter d’énormes pertes en rachetant toutes les actions GameStop vendues
à découvert auparavant. Selon le Financial Times, on estime à environ 3,75 milliards de dollars les pertes connues de Melvin Capital par exemple.
Cette situation a poussé le gendarme boursier américain, la SEC, à renforcer la surveillance liée
à la valorisation du cours des actions GameStop au niveau de tous les acteurs dans la mesure où certaines stratégies ne sont pas autorisées en bourse et nul n’a le droit de mentir ou répandre de fausses informations dans le but de faire monter ou baisser le cours d’une action et manipuler le marché en sa faveur.
De tout ce qui précède, il ressort que la spéculation prend une part active dans l’accélération des hausses ou baisses de la valeur des actifs sur les marchés. Elle peut se relever déstabilisante des marchés financiers compte tenu des stratégies des spéculateurs et de l’horizon temporel qui est limité, c’est-à-dire le court terme. Un investissement en action devrait s’envisager sur le long terme au-delà des plus-values rapides espérées, comme le soutient George David : « si on investit pas sur le long terme, il n’y a pas de court terme ».
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Par définition, le trading regroupe l’ensemble des opérations d’achat et de vente effectuées sur les marchés financiers. Il s’organise de deux manières selon la position des opérateurs (traders) qui s’y engagent. D’une part, on parlera du trading traditionnel lorsque les traders émettent directement les opérations depuis la salle du marché financier et d’autre part, on parlera du trading en ligne lorsque ce dernier met plutôt en jeu des traders indépendants qui émettent via l’internet. Qui peut faire du trading ?
Si traditionnellement, cette activité s’exerçait uniquement dans le local du marché boursier, le développement de l’Internet avec des coûts d’accessibilité de plus en plus réduits, constitue un véritable atout pour n’importe quel opérateur permettant d’exercer en tant que trader en ligne. Cependant, il faudra avant tout disposer d’une très bonne connexion internet et être permanemment connecté pour suivre instantanément l’évolution des valeurs des produits financiers afin d’en tirer des avantages.
En termes d’avantages, le trading permet aux traders de spéculer à court terme en profitant surtout de la mobilité des produits financiers échangés (actions, obligations,..) sur le marché. Cependant, cette activité est risquée notamment en raison de la volatilité du marché et surtout du degré élevé d’escroqueries qui s’explique entre autres par la multiplication en ligne des plateformes de trading avec des publicités mensongères mais très attractives à priori. Par exemple en Afrique, certaines structures comme GLOBAL INVESTMENT TRADIND, GLOBAL TRADE CORPORATION, HIGH LIFE et CHY MALL ont été sommées par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) à Abidjan de suspendre leurs activités lors de son communiqué du 18 Mars 20211. Ces structures étant spécialisées entre autres dans le trading de crypto monnaies, proposent des taux d’intérêts très attractifs mais hautement risqués mettant parfois le public en danger. Que doit faire à présent le public face aux risques liés au trading ?
Le rapport de Forex Brokers SA (South Africa), publié en Décembre 20192 indique que la SEC (Securities & Exchange Commissions) invitait les investisseurs lors de son communiqué publié en 2018, à faire preuve de discernement pour ne pas tomber sous le coup de l’escroquerie observée dans le trading en ligne qui est beaucoup plus en progression en Afrique actuellement.
En effet, les données présentées dans le rapport indiquent que cette activité est en pleine expansion en Afrique depuis 2019 notamment en Afrique du Sud et au Nigéria qui occupent les premiers rangs. On estime le nombre de traders à 1,3 millions en Afrique dont près de 190.000 et 200.000 pour l’Afrique du Sud et le Nigéria respectivement.
Pour finir, le trading est certes, en progression en Afrique, mais cette progression doit vraiment s’accompagner d’une éducation financière pour les débutants d’une part et d’une réglementation du système d’échange par les autorités d’autre part. Des centres de formations professionnelles se multiplient déjà en Afrique (par exemple, le Centre Béninois de Trading, CBT) sans oublier les grandes écoles de négoce qui intègrent le trading comme filière. Dans ces centres de formations, les investisseurs comme les traders pourraient ainsi acquérir des compétences et des outils d’analyse leur permettant d’avoir une rentabilité sur le marché financier tout en ayant la maîtrise des risques.
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L’économie de la République du Congo essentiellement basée sur ses recettes pétrolières, subit une crise des plus difficiles depuis la chute du cours du pétrole en 2014. Entre 2013 et 2017, le cours mondial du pétrole a diminué en moyenne tous les ans de 15,5%1, soit une baisse de 49% sur toute la période Cela a entraîné une baisse du rythme de croissance de l’activité économique, à -10% en 2016.
Figure 1: Cours du pétrole et taux de croissance du PIB (% annuel)
Source: CJEA, FMI, Banque Mondiale.
Avec l’existence d’une dette publique totale représentant 117,5% de son PIB en 2017, cette situation complexe a mené la République du Congo et le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) à un accord de prêt d’un montant de 448,6 millions de dollars, le 17 juillet 2019. Cet accord au titre d'une facilité élargie de crédit est un programme du FMI qui donne la priorité à des réformes structurelles et cible la gouvernance à des fins d'une meilleure diversification économique et une croissance inclusive. Il opère également pour un rééquilibrage budgétaire et un objectif de restructuration de la dette. Enfin, le programme vise un renforcement du capital humain au travers de la protection des populations vulnérables.
À l’issue du décaissement de la première tranche (44,9 millions de dollars), le communiqué de presse du FMI de janvier 2020 a posé le paysage économique congolais en relatant, une croissance globale révisée à la baisse à 2,2% en 2019, due à l’expansion moins forte que prévu de la production pétrolière. À partir de 2020, la production pétrolière poursuivrait ce déclin à mesure que les champs pétrolifères atteindront leur maturité2. Cependant, d’ici 20243, la croissance hors pétrole devrait augmenter en moyenne tous les ans de 14% mais cette tendance dépendra principalement des résultats de l’agriculture et du transport.
Figure 2: Croissance hors pétrole projetée (en %), 2021-2024
Source : CJEA, FMI.
La dette publique extérieure du pays a significativement augmenté depuis 2010. On note une accumulation importante d’arriérés commerciaux extérieurs, notamment envers les négociants4 du pétrole (18,1% du PIB). De surcroît, la dette publique intérieure a également augmenté passant de 15% du PIB en 2014 à 25,5% en septembre 2019. La Chine apporte l’essentiel du financement extérieur et la dette extérieure du Congo envers la Chine représentait en septembre 2019 : 2 213 millions de dollars, soit 20,4% du PIB de la République du Congo. Bien que les deux pays aient conclu un accord de restructuration de la dette congolaise (envers la Chine)5, la dette publique extérieure totale reste intenable. En effet, le ratio valeur actualisée de la dette publique extérieure rapportée au PIB se situe à 46% en 2021, soit au-dessus du seuil de viabilité de 30%.6
Les résultats à fin juin au terme des évaluations du programme par le FMI7 sont considérés comme mitigés. Les deux objectifs budgétaires quantitatifs ont été atteints. Il s’agit du plancher pour le solde primaire de base hors pétrole et du plafond pour le financement intérieur net de l’Etat. Les critères de réalisation fixant un plafond de zéro pour les financements non concessionnels, et les nouvelles dettes extérieures garanties par les recettes futures des ressources naturelles ont également été respectés. On note toutefois, une accumulation de nouveaux arriérés extérieurs d’environ 20 millions de dollars, par conséquent le non-respect du critère de réalisation continu des arriérés extérieurs. De plus, les trois objectifs indicatifs liés aux recettes non pétrolières, aux dépenses en faveur de la lutte contre la pauvreté, et aux décaissements de prêts extérieurs pour des projets d’investissement n’ont eux-aussi pas été atteints.
Finalement, le décaissement de la première tranche du programme de juillet 2019 fut le seul.
Aujourd’hui touchée par la pandémie de la Covid-19, la Caisse nationale de sécurité sociale a bénéficié d’un prêt du FMI de 200 milliards de FCFA pour assurer le règlement des pensions de retraites du secteur privé et parapublic. Rappelons que, les arriérés de paiement sur les retraites et les prestations sociales représentent 3,4% du PIB en 2019 (FMI).
Eu égard aux, arriérés de dettes, déficit structurel du budget, et évaluations du FMI concernant les dépenses sociales jugées insuffisantes et dans un contexte de pandémie mondiale, la République du Congo réussira-t-elle une gestion efficiente du dernier prêt du FMI au service de sa population ?
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Face à la récession mondiale due à la pandémie de la COVID-19, plusieurs pays du monde ont mis en place un plan de relance économique qui puisse juguler les effets de la crise et les mettre dans une situation proche de celle qui prévalait avant la pandémie. Les estimations du Fonds Monétaire International (FMI, 2021) montrent que le soutien budgétaire au niveau mondial s’élevait en 2020 à environ 14 milliards de dollars. Malgré les difficultés de financement, les pays africains ne sont pas en marge de ces plans en devenant ainsi « keynésiens ». La politique budgétaire expansionniste est utilisée pour soutenir la demande globale et pour atteindre les objectifs de développement. Selon les dernières prévisions du FMI publiées en janvier 2021, ces mesures de soutien supplémentaires dans ces pays, combinées à l’approbation récente de plusieurs vaccins ont permis de réviser les prévisions de la croissance économique mondiale pour l’année 2021 à la hausse de 0,3 point par rapport aux prévisions précédentes. Bien que selon Blanchard et al. (2010), la crise de 2008 a réaffirmé l’intérêt de la politique budgétaire comme un instrument contracyclique, les économies africaines devraient-elles s’attendre automatiquement à un retour de leurs économies à leur niveau d’avant la crise en augmentant les dépenses publiques ?
Théoriquement, plusieurs économistes ont expliqué la relation entre les dépenses publiques et la croissance en insistant sur ses composantes. Par exemple, Keynes (1936) considère les dépenses publiques comme un facteur exogène qui peut être utilisé comme instrument de politique pour favoriser la croissance économique. En ce sens, il considère qu’une augmentation de la consommation est susceptible de conduire à une hausse du niveau de l’emploi et de l’investissement privé par des effets multiplicateurs sur la demande globale. Wagner (1892) quant à lui a montré que l’élasticité des dépenses publiques par rapport au produit intérieur brut (PIB) est supérieure à l’unité. Selon la théorie du « Big Push » présentée par Paul Rosenstein-Rodan (1943), un programme d’investissement global peut être utile pour soutenir la croissance économique. La théorie de la croissance endogène soutient aussi que les politiques budgétaires peuvent être utilisées pour améliorer l’allocation efficace des ressources en corrigeant les défaillances du marché surtout en période de crise. Cependant, pour les économistes de l’école « classique », l’efficacité de la politique budgétaire n’est pas toujours garantie.
De façon empirique, de nombreuses études également ont été menées afin d’analyser la relation entre les dépenses publiques et la croissance. Dans la littérature existante, certaines études se concentrent sur un pays spécifique, tandis que d’autres sont appliquées à un ensemble de pays sous forme de panel. Ces études ont cherché à analyser le sens, la nature et la significativité de l’impact de l’une des variables sur l’autre.
En Afrique, Keho (2015) a étudié la causalité entre les dépenses publiques en pourcentage du PIB et le PIB réel par habitant sur un panel de neuf pays. Les résultats indiquent que la loi de Wagner est valable pour le Cameroun à moyen terme, pour le Ghana à court, moyen et long terme et pour le Nigéria à long terme. Le point de vue keynésien est soutenu pour le Gabon et le Sénégal à court, moyen et long terme et pour l’Afrique du Sud à moyen et à court termes. Pour le Sénégal, ce résultat va dans le même sens que celui de Nubukpo (2007) à long terme mais le contredit à court terme. Par conséquent, ces trois pays peuvent utiliser les dépenses publiques pour stimuler leur économie, comme le prétend le paradigme keynésien.
Dans l’UEMOA, Tenou (1999) montre qu’une politique budgétaire expansionniste réduit la croissance du PIB par habitant dans les pays de l’Union. De même, Nubukpo (2007) montre qu’en dehors du Sénégal et du Togo pour le long terme, les dépenses publiques totales n’exercent pas un effet positif sur la croissance des économies de l’UEMOA. Ce résultat corrobore celui de Ojo et Oshikoya (1995). Toutefois, Nubukpo (2007) conclut que les dépenses publiques peuvent favoriser la croissance des économies de l’UEMOA lorsqu’elles sont destinées aux investissements, mais sont également susceptibles de la freiner quand elles privilégient la consommation.
Tous ces résultats obtenus sont souvent contradictoires, variant d’un pays à l’autre et allant de la « causalité bidirectionnelle » à la « non-causalité » entre les deux variables. Toutes ces théories et résultats empiriques n’ont pas tranché unilatéralement sur le fait que les relances budgétaires seraient l'outil le plus efficace pour faire repartir l'économie à son niveau d’avant la crise. Mais il en ressort que la relance annoncée pourrait créer des richesses supplémentaires si l’accent est mis sur les investissements productifs. La théorie keynésienne, celle du « Big Push » et certains résultats empiriques obtenus sur quelques pays du continent africain restent optimistes sur le fait que les plans de relance budgétaire seraient les clefs pour favoriser le rebond de l'activité économique.
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Force est de noter les efforts du moins structurels, dont le renforcement numérique, entrepris par l'administration béninoise. Mais la question de fond est de savoir si la révolution numérique permet de résorber le mal de la corruption et plus l'élargissement de la mauvaise gouvernance au sein de nos États.
Le phénomène de la corruption est bien connu dans nos pays (du moins lettré au village au cadre bien nanti dans l'administration). Mais au-delà de la corruption, nos pays souffrent de bien de maux qui ralentissent leur développement. L'indice «efficacité gouvernementale» proposé par la banque mondiale, évalue la perception de la qualité des services publics, de la qualité de la fonction publique et de son degré d'indépendance vis-à-vis des pressions politiques, de la qualité de la formulation et la mise en œuvre des politiques, et de la crédibilité de l'engagement du gouvernement envers ces politiques. Cet indice pour les pays de l'UEMOA, s'est maintenu en dessous de 0. Cela traduit une assez faible gouvernance dans ces pays.
En effet, dans la majorité de nos pays, les populations n'ont pas accès aux services, ou les services sont réservés à une partie de la population qui peut payer .
Graphique 1 : Evolution de l'indicateur de gouvernance «efficacité gouvernementale» dans les pays de l'UEMOA
Source: CJEA à partir des données WDI / BM
La révolution numérique, en supprimant les intermédiaires, la limite les fuites, la corruption. Cependant, il demeure primordial, de renforcer la qualité de nos institutions, pour une gestion efficace des revenus et la réduction des inégalités. Face à la crise de la COVID-19, où le mot d'ordre pour tous les pays est «Quoi qu'il en coûte», de vastes plans de relance sont entrepris. Pour que ces plans soient effectifs, il faut s'assurer que les populations, et surtout les plus pauvres ont un accès équitable aux services.
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Mais que se passe-t-il donc en Turquie ?
On a assisté le lundi 22 mars 2021 à une chute de plus de 9% du cours de la lire turque face à l’euro.
Source : CJEA à partir des données de la BCE
Une annonce du limogeage du Directeur de la Banque Centrale turque Naci Agbal à ce moment, par le président turque Recep Tayyip Erdogan, semble avoir eu un impact sur le cours de la lire turque.
A l’origine de ce limogeage un désaccord sur l’impact des taux d’intérêt sur l’inflation. Selon le président turc, la baisse des taux d’intérêts, stimulerait une forte croissance (financée par des crédits bon marché) et serait à terme bénéfique pour l’inflation.
A l’opposé de cette théorie, le désormais ancien Directeur de la Banque centrale turque Naci Agbal, menait une politique de hausse des taux d’intérêts dans le but de juguler l’inflation croissante dans le pays. Il a ainsi relevé le taux directeur de la Banque centrale de 200 points, deux jours avant l’annonce de son limogeage.
Quelle est donc la théorie sur le lien entre taux d’intérêts et inflation ?
Selon la théorie couramment admise, plus les taux d’intérêts sont faibles, plus les ménages ont une facilité à emprunter, et donc à consommer. Cette hausse du niveau de la consommation entrainerait ainsi une hausse généralisée des prix, l’inflation. On parle d’inflation par la demande. Ainsi par le même mécanisme, une hausse des taux d’intérêts incite les ménages à privilégier l’épargne, baissant ainsi le niveau de la consommation puis l’inflation.
On observe une augmentation de l'indice des prix à la consommation, en mars 2021 :
- par rapport au mois précédent de 1,08%,
- par rapport au mois de décembre de l'année précédente de 3,71%,
- par rapport au même mois de l'année précédente de 16,19% et sur la base des moyennes mobiles de douze mois de 13,18% en mars. C’est l’un des taux d’inflation les plus élevés depuis Juillet 2019.
Reste à voir l’impact des différentes politiques mises en place sur cette inflation.
Pour rappel, la Turquie est l’un des pays de destinations des exportations de caoutchouc (qui représentait 3% des biens exportés par l’union en 2019) de l’UEMOA.
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